Évolution du discours sur le climat: pour un changement de paradigme

La science a fait des pas de géant dans la compréhension des causes des changements climatiques, mais les connaissances sur la façon dont on peut convaincre la population de changer ses habitudes – et la pousser à faire bouger les gouvernements –, n'ont pas évolué...

La science a fait des pas de géant dans la compréhension des causes des changements climatiques, mais les connaissances sur la façon dont on peut convaincre la population de changer ses habitudes – et la pousser à faire bouger les gouvernements –, n'ont pas évolué...

Crédit : Getty

En 5 secondes

À l’occasion de son 50e anniversaire, la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal tiendra une visioconférence sur l’évolution du discours sur le climat le 19 avril à 18 h.

Entre les signaux d’alarme lancés par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), les mobilisations citoyennes réclamant des actions concrètes et concertées et les grands titres rappelant l’urgence d’agir, quelle résonance les discours passés et actuels sur le climat ont-ils auprès du grand public?

Cette question sera abordée dans une visioconférence gratuite qui aura lieu le 19 avril à 18 h à l’occasion des activités marquant le 50e anniversaire de la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal.

Animée par la journaliste Chantal Srivastava, la rencontre, sur le thème «Climat et communication», permettra au public de prendre part aux réflexions et de poser des questions aux expertes et experts invités, dont Yanick Villedieu, journaliste spécialisé en sciences et en médecine, et André-Yanne Parent, directrice générale du Projet de réalité climatique du Canada.

Les professeurs de l’Université de Montréal Sara Teitelbaum et Sébastien Sauvé, respectivement du Département de sociologie et du Département de chimie, feront également partie des intervenants. Ils nous donnent un avant-goût des discussions en abordant quelques thèmes centraux.

Urgence climatique, écoanxiété, alarmisme et optimisme technologique

Sara Teitelbaum

Dans les années 60-70, les signes de la pollution ambiante étaient visibles et palpables. Par exemple, de nombreux lacs et rivières étaient interdits à la baignade et il n’était pas rare d’y voir flotter des poissons morts asphyxiés.

Depuis, différentes actions ont été menées en amont afin de pallier certains problèmes découlant de la pollution. Mais aujourd’hui, l’enjeu est global.

«Les défis liés à l’environnement et aux changements climatiques sont d’un tout autre ordre et peuvent nous paraître lointains, indique Sébastien Sauvé. Mais le discours entourant ces enjeux a-t-il changé et, surtout, en quoi nous incite-t-il à poser des gestes plus concrets?»

«Ça fait longtemps que le GIEC et plusieurs autres organisations nous disent que les changements climatiques représentent le plus important défi auquel l’humanité fait face, ajoute Sara Teitelbaum. Mais les actions et les solutions tardent à être mises en place de sorte qu’on observe à la fois une désinvolture collective et un discours catastrophiste qui cause de l’écoanxiété chez plusieurs…»

«L’alarmisme peut s’avérer contre-productif, car les gens peuvent finir par décrocher, estime Sébastien Sauvé. Il est faux de croire que si rien n’est fait d’ici trois ans, ce sera la fin du monde… Mais la situation nécessitera des efforts qu’on n’aura pas le choix de faire et des coûts plus élevés à assumer.»

Pour Sara Teitelbaum, le discours technologique prôné par le modèle capitaliste entretient un espoir exagéré.

«Le techno-optimisme occupe beaucoup de place dans l’espace public, comme la promesse de technologies de captation du carbone ainsi que les véhicules électriques et autres qui donnent l’impression que tout va se régler par les moyens techniques, déplore-t-elle. Les solutions plus radicales, qui impliquent une réorganisation plus importante de la société, sont nettement moins visibles.»

Sébastien Sauvé

D’autres sciences à faire évoluer

Certes, la science a fait des pas de géant dans la compréhension des causes des changements climatiques, «mais les connaissances sur la façon dont on peut convaincre la population de changer ses habitudes – et la pousser à faire bouger les gouvernements – n’ont pas évolué, signale Sébastien Sauvé. Il faut aller plus loin pour faire avancer les sciences sociales afin d’amorcer un changement profond qui nous permettra de passer des vœux pieux à l’action».

Aide-mémoire

Quoi? «Climat et communication», conférence sur l’évolution du discours sur le climat

Quand? Le mardi 19 avril à 18 h

Où? En visioconférence (cliquez ici pour vous inscrire)

Combien et pour qui? Gratuit pour tous!