«Apprendre à se connecter à sa culture et à en être fier»

Mélanie Lumsden, coordonnatrice du Centre étudiant des Premiers Peuples de l'UdeM, et Eliane Santschi, agente de liaison, réunies au salon Uatik.

Mélanie Lumsden, coordonnatrice du Centre étudiant des Premiers Peuples de l'UdeM, et Eliane Santschi, agente de liaison, réunies au salon Uatik.

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

En 5 secondes

Le Centre étudiant des Premiers Peuples offre un lieu d’ancrage et de fierté culturelle où les étudiants et étudiantes autochtones peuvent créer des liens et partager la richesse de leurs cultures.

Samuel Rainville

Samuel Rainville

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

Quitter leur communauté pour venir étudier à Montréal peut représenter une perte de repères pour les étudiantes et étudiants autochtones.

Afin de faciliter et d’optimiser leur parcours universitaire tant en amont qu’en aval, l’Université de Montréal a ouvert, en 2019, le Centre étudiant des Premiers Peuples (CEPP), qui est rattaché aux Services à la vie étudiante.

«La mise sur pied d’un centre consacré au soutien à la réussite des membres de la communauté étudiante autochtone est une action clé du plan institutionnel Place aux Premiers Peuples», comme le rappelle Samuel Rainville, conseiller principal aux relations avec les Premiers Peuples à l’UdeM.

Le Centre offre un accompagnement personnalisé pour répondre aux besoins de chacune et chacun en les dirigeant vers les services appropriés, en plus de proposer diverses activités et un espace de sécurisation culturelle au sein du salon Uatik – qui signifie «tanière» en langue innue.

Un lieu d’ancrage et d’échanges enrichissants

Annie Tremblay

Annie Tremblay

Crédit : Annie Tremblay

Issue de la communauté micmaque de Gespeg, en Gaspésie, Annie Tremblay est parmi les quelque 80 étudiantes et étudiants autochtones qui fréquentent l’UdeM et pour qui le Centre étudiant des Premiers Peuples représente un point d’ancrage.

«Le CEPP et le salon Uatik m’offrent la possibilité d’avoir un lieu physique où je peux m’épanouir en tant qu’Autochtone et rencontrer d’autres étudiants des différentes nations afin d’élargir mon réseau», témoigne l’étudiante de maîtrise à l’École de santé publique de l’UdeM.

«Le Centre est une porte d’entrée qui me permet d’être dirigée vers les ressources qui sont offertes aux Premières Nations à l’Université et le salon Uatik est un endroit où je peux créer des contacts tangibles, participer à des activités culturelles et acquérir une vision plus large des diverses spécialisations d’un point de vue autochtone. C’est très enrichissant», poursuit Annie Tremblay.

Un accompagnement avant, pendant et après l’université

Mélanie Lumsden et Eliane Santschi

Mélanie Lumsden et Eliane Santschi

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

Le rôle du CEPP est d’accompagner les étudiantes et étudiants des Premières Nations, métis et inuits du début à la fin de leur parcours universitaire et de maintenir un lien avec eux après l’obtention du diplôme. Pour ce faire, le Centre organise différentes activités et améliore en continu l’étendue des services qui s’offrent à eux à l’UdeM.

«Le Centre prend part à la célébration des réussites étudiantes autochtones et de l'engagement étudiant, indique Mélanie Lumsden, coordonnatrice du CEPP et membre de la nation Inuvialuit des Territoires du Nord-Ouest. Fréquenter l’université est déjà une réussite en soi pour les étudiants et étudiantes autochtones et nous soulignons tous leurs succès et leur engagement, car c’est la relève qui influencera le monde de demain et nous en sommes fiers.»

Le CEPP collabore aussi avec l’agente de liaison Eliane Santschi, qui travaille avec les communautés autochtones du Québec dans le cadre du projet Repensons la persévérance avec les Premiers Peuples de Cap campus, une autre initiative mise de l’avant par le plan d’action Place aux Premiers Peuples. «L’objectif est que l’Université de Montréal devienne une alliée dans les communautés pour stimuler la persévérance des jeunes et pas uniquement pour les amener sur ses campus», précise-t-elle.

«Quitter sa communauté entraîne une perte énorme de repères et notre tâche consiste à rendre attrayante et possible l’idée de poursuivre ses études, que ce soit pour obtenir un diplôme d’études professionnelles, aller au cégep ou encore à l’université», ajoute Eliane Santschi.

«Les jeunes Autochtones dans les communautés ont besoin de modèles de persévérance autochtones pour pouvoir se projeter et nos étudiants et diplômés vont visiter les communautés pour que les jeunes sachent qu’il y a une place pour eux, pour être étudiant autochtone au postsecondaire et fier de son identité autochtone», poursuit-elle.

Avec le projet Repensons la persévérance, Eliane Santschi tient aussi à créer des ponts entre les jeunes Autochtones des communautés et les étudiants allochtones et autochtones de l’Université de Montréal: «En octobre, nous irons à Wemotaci pour organiser des jeux immersifs dans lesquels les jeunes découvriront différents domaines d’études. L’an prochain, nous inviterons les jeunes Autochtones à venir visiter Montréal.»

Eliane Santschi insiste sur le fait que ces projets sont élaborés en coconstruction avec les communautés. «On se parle, on s’écoute et on prend le temps qu’il faut afin que les activités respectent l’expertise des communautés qui connaissent leurs jeunes», insiste-t-elle.

Agir sur le terrain à partir de Sept-Îles

Dan-Alexandre Mckenzie

Dan-Alexandre McKenzie

Crédit : Julien Choquette - Photo Impression JC

Le travail en coconstruction est justement ce qui stimule Dan-Alexandre McKenzie, agent de suivi et d’accompagnement des étudiants autochtones du postsecondaire à Uashat mak Mani-Utenam.

À partir de Sept-Îles, en relation avec le Centre étudiant des Premiers Peuples de l’UdeM, Dan-Alexandre McKenzie intervient chaque semestre auprès de 150 à 170 jeunes Autochtones de partout au Québec qui envisagent de poursuivre leurs études au collégial ou à l’université.

«Je suis en rapport avec un grand nombre d’intervenants de toutes les régions afin de réseauter et de connaître les différents milieux fréquentés par nos étudiantes et étudiants, puis de me familiariser avec les services qui leur sont offerts dans les divers établissements d’enseignement, explique-t-il. Cela me permet d’informer et de mieux soutenir les jeunes et moins jeunes avant qu’ils décident de déménager pour aller étudier ou au cours de leur formation.»

«Mes démarches me permettent d’établir, avec les étudiants et les étudiantes, les étapes qui leur permettront de poursuivre leurs parcours, de les rassurer et, surtout, de leur procurer les informations dont ils ont besoin quand ils en ont besoin», conclut celui qui se définit comme un dénicheur de ressources.

«Pas obligés d’être pareils pour être unis»

Bien qu’il existe un grand nombre de communautés et de cultures autochtones au Québec et au Canada, le Centre étudiant des Premiers Peuples de l'Université de Montréal agit comme un fédérateur de cette diversité pour celles et ceux qui fréquentent ou fréquenteront l’UdeM.

«Nous avons tous en commun d’être membres de communautés des Premières Nations, métisses ou inuites et d’avoir une histoire et une culture qui nous rapprochent, souligne Mélanie Lumsden. Nous ne sommes pas obligés d’être pareils pour être unis ou encore pour désirer connecter ou reconnecter avec nos cultures: il faut être à l’aise avec la diversité en faisant preuve de respect, d’ouverture et d’écoute les uns envers les autres.»

L’étudiante Annie Tremblay est du même avis: «Il arrive un moment dans notre vie où nous sentons le besoin de nous rapprocher de notre essence propre afin de faire des choix optimaux en tant que personne et, pour y parvenir, il est essentiel de connaître notre culture et nos racines.»

«Apprenons à nous y connecter et à en être fiers. C’est vrai tant pour les personnes issues des communautés autochtones que pour les Québécois et les Canadiens. Nous avons tous besoin de mieux nous connaître et les activités telles la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation et la Journée nationale des peuples autochtones constituent un bon moyen de sensibiliser les étudiantes et les étudiants à nos cultures, qu’ils soient autochtones ou allochtones», dit-elle.