Mieux-être et santé au travail: comment ça va à l’UdeM?

Les employées et employés de l’Université de Montréal ont un bilan de santé physique et mentale plus favorable que celui de collègues dans des milieux de travail comparables.

Les employées et employés de l’Université de Montréal ont un bilan de santé physique et mentale plus favorable que celui de collègues dans des milieux de travail comparables.

Crédit : Dumas-Bonesso

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Les membres du personnel de l’Université de Montréal se portent relativement bien par comparaison avec ceux d’autres organisations, selon une étude dirigée par le professeur Alain Marchand et l’OSMET.

Les employées et employés de l’Université de Montréal ont un bilan de santé physique et mentale plus favorable que celui de collègues dans des milieux de travail comparables. Toutefois, certains indicateurs sont élevés, notamment les symptômes dépressifs et de détresse psychologique.

C’est ce qu’indiquent les résultats des trois premières phases de l’Étude longitudinale de l’Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail (ELOSMET), que dirige le professeur Alain Marchand, de l’École de relations industrielles de l’UdeM.

Ces résultats, qui ont été communiqués à la Direction des ressources humaines de l’Université plus tôt cette année, se sont avérés de précieux outils pour l’établissement, puisqu’ils lui ont permis de prendre le pouls des véritables besoins de sa communauté pour inclure de nouvelles activités dans son programme de santé et mieux-être institutionnel (voir l’encadré).

Il est à préciser que l’ELOSMET est une étude à grande échelle à laquelle plus de 6500 personnes dans plus de 115 milieux de travail clients de Solutions Mieux-être LifeWorks (anciennement Morneau Shepell) et l’assureur Croix Bleue Medavie ont pris part jusqu’à maintenant. Son objectif est de mesurer l’évolution de l’état de santé physique et mentale ainsi que le mieux-être de la main-d’œuvre québécoise sur un horizon de cinq ans.

Des données recueillies sur trois ans à l’UdeM

Alain Marchand

Alain Marchand

Crédit : Amélie Philibert | Université de Montréal

Soutenue par la Direction des ressources humaines, la portion de l’ELOSMET qui concerne l’UdeM vise à brosser le tableau de la santé mentale et physique de ses employés et employées, selon les facteurs liés aux pratiques de gestion de l’Université – dont la conciliation travail-famille –, ainsi que de leur situation personnelle en dehors du travail.

Ainsi, les données des trois cycles touchant le personnel de l’UdeM reposent sur les réponses fournies à un questionnaire par:

• 1380 personnes en 2019,

• 2612 personnes en 2020,

• 2195 personnes en 2021-2022.

Voici un aperçu des résultats qu’a présentés il y a quelques semaines le professeur Marchand à la communauté universitaire.

Santé mentale

• De 2019 à 2020, les symptômes de détresse psychologique sont passés de 35,9 à 40,8 % parmi les répondants et répondantes de l’UdeM. En 2021, ce taux a descendu à 39,5 %.

• La proportion des membres du personnel rapportant des symptômes dépressifs a augmenté de 3 % de 2020 à 2021, passant de 12,8 à 16 %. Il en a été de même pour la proportion de gens souffrant d’anxiété, qui est passée de 10 à 13 %.

• L’épuisement professionnel a touché 25 % du personnel en 2019, pour descendre à 20,6 % en 2020, puis remonter à 25,4 % en 2021.

• L’usage de médicaments psychotropes a connu la même courbe: 22,5 % des personnes sondées y ont eu recours en 2019, comparativement à 19,8 % en 2020 et à 22,3 % l’année suivante.

«Bien que préoccupante, la situation à l’UdeM est généralement mieux que dans les autres milieux de travail ayant participé à l’ELOSMET», souligne Alain Marchand.

De fait, le personnel de l’Université de Montréal affiche en moyenne 4,6 % moins de symptômes dépressifs, 2,5 % moins de manifestations d’anxiété et 5 % moins de cas d’épuisement professionnel que dans les autres milieux de travail analysés. Par ailleurs, les taux de symptômes de détresse psychologique et d’usage de médicaments psychotropes sont analogues à ceux des autres organisations participantes.

Santé physique

Parmi les répondantes et les répondants de l’UdeM ayant pris part à l’étude:

• 23,3 % ont dit souffrir d’obésité en 2019, comparativement à 25,2 % en 2021;

• 15,9 % ont rapporté des problèmes cardiovasculaires en 2019, par rapport à 17,3 % deux ans plus tard;

• 57 % ont déclaré des troubles musculosquelettiques (TMS) aux membres supérieurs en 2019, contre 60,7 % en 2021;

• 45,3 % ont signalé des TMS au dos en 2019, en comparaison de 50,7 % en 2021.

Ces résultats sont également comparables à ceux recueillis auprès des autres milieux de travail, exception faite de l’obésité, qui touchait 9,5 % moins de personnes de l’UdeM qu’ailleurs.

Facteurs de risque et de protection du milieu de travail

Dans le cadre de cette étude, l’OSMET a aussi mesuré les facteurs de risque et de protection du milieu de travail sur la santé des personnes, selon une échelle qui permet de considérer ces facteurs comme étant:

• faibles si la moyenne se situe entre 0 et 33 %,

• moyens si elle est de 34 à 66 %,

• élevés si elle est au-delà de 67 %.

Parmi les facteurs de protection, l’utilisation des compétences (76 %) et l’autorité décisionnelle (71 %) sont les éléments les plus souvent rapportés par les membres du personnel de l’UdeM dans les trois cycles de l’étude.

Il en est de même pour le soutien des collègues (77 %), le soutien du superviseur (de 67 à 71 %), la reconnaissance (75 %) et la sécurité d’emploi (74 %).

Le principal facteur de risque énoncé a trait aux exigences en matière de charge de travail, de rythme de travail, aux demandes conflictuelles, etc. (53 %).

Conditions spécifiques à la COVID-19

Plutôt rarissime au début de l’ELOSMET, le télétravail s’est imposé à partir de mars 2020 pour la très grande majorité des employées et employés de l’Université de Montréal. Et la satisfaction à l’égard de ce mode de travail et des conditions qui en découlent est particulièrement élevée:

• 93 % des personnes sondées étaient en télétravail en 2020, une proportion qui a fléchi à 82,5 % en 2021;

• 79 % se sont dites satisfaites des outils de travail mis à leur disposition, ce taux étant demeuré le même au cours des deux derniers cycles de l’étude;

• la satisfaction à l’endroit du soutien apporté est passée de 78,8 à 80,3 %;

• le niveau moyen de satisfaction quant aux mesures de santé et sécurité au travail est passé de 73,3 à 84,5 % de 2020 à 2021;

• la proportion de conflits liés à la conciliation travail-famille est demeurée stable, avec un niveau moyen de 43,4 % en 2019 et de 41,7 % en 2021.

Par ailleurs, certaines habitudes de vie des personnes répondantes sont aussi restées stables au cours des trois cycles de l’étude, notamment en ce qui a trait à la consommation d’alcool (de 13 à 14 %) et au tabagisme (de 5 à 6 %). En revanche, l’activité physique a connu une nette progression, passant de 55 % en 2019 à 64 % en 2020, pour diminuer légèrement à 61 % l’année suivante.

Des données précieuses pour l’Université

Les données de l’ELOSMET ont permis à l’Université de mesurer les besoins de sa communauté et d’inclure de nouvelles activités, formations et ressources qui y répondent dans le cadre – entre autres – de son programme de santé et mieux-être institutionnel.

«C’est en grande partie pour cette raison que l’Université participe à l’étude de l’OSMET, soit pour mieux connaître les enjeux avec lesquels les membres de son personnel ont à composer au quotidien et agir concrètement pour les outiller et les accompagner», indique la directrice générale des ressources humaines, Karina Adam.

Ainsi, l’UdeM a produit un deuxième épisode dans la série de balados On prend soin de nous intitulé «Démystifier l’anxiété de performance» ainsi qu’un troisième, «Découvrir le soutien de proximité». D’autres balados sont prévus, dont un sur le sommeil avec la professeure Julie Carrier. 

Enfin, une conférence sur la résilience sera présentée à l’occasion de la Semaine de la prévention du suicide, au début du mois, et plus tard ce printemps au Udéfi.