Les quatre saisons d’un bassin versant
- UdeMNouvelles
Le 10 juillet 2023
- Béatrice St-Cyr-Leroux
Deux étudiants en sciences biologiques de l’UdeM étudient les effets de la saisonnalité sur la matière organique présente dans l’eau du bassin versant du lac Croche.
Cet été, ne cherchez pas Adrien Simonet et Maude Camiré.
Ces deux étudiants du Département de sciences biologiques de l’Université de Montréal seront aux abords du lac Croche de la Station de biologie des Laurentides.
Dirigés par le professeur de l’UdeM Jean-François Lapierre, ils prélèveront et analyseront des échantillons d’eau du bassin versant de ce lac, c’est-à-dire de la portion du territoire où sont recueillies toutes les précipitations avant d’être entraînées vers le lac en question.
Cette collecte de données se fera sur une période d’un an afin d’étudier la façon dont les saisons influencent le transport de la matière organique dans le bassin versant. Le projet vise aussi à voir si la structure des communautés de microorganismes et leur degré d’activité dans les sols ont un effet sur la matière organique dissoute dans les eaux.
Plus précisément, ils récolteront des échantillons provenant de cinq sites clés du bassin versant: le sol forestier, la zone riparienne (jonction entre les milieux terrestre et aquatique), l’entrée du lac, la sortie du lac et le lac proprement dit.
L’équipe s’intéresse notamment à certains contaminants, comme le mercure, ainsi qu’au cycle biochimique du carbone, soit la quantité et la qualité de carbone présent dans chacune des zones.
«Nous cherchons à préciser le rôle de la température et des dynamiques hydrologiques dans les variations du carbone mesuré dans l’eau, précise Maude Camiré. Par exemple, certaines observations montrent déjà des différences entre les sites quant à la quantité de matière dissoute. Les résultats de l’étude nous permettront décrire précisément le phénomène.»
Approfondir les connaissances pour ensuite mieux protéger les milieux naturels
Adrien Simonet et Maude Camiré s’intéressent donc aux processus fondamentaux de production de la matière organique sur l’ensemble du continuum biologique d’un bassin versant.
Les étudiants espèrent que leurs résultats pourront ensuite servir de cadre de référence pour comparer l’état actuel des écosystèmes avec celui qui découlera d’éventuelles perturbations causées par l’humain et les changements climatiques.
«Pour bien comprendre les effets des changements climatiques, il faut d’abord comprendre comment fonctionne actuellement le cycle du carbone et celui des métaux, et comment leur taux varie en fonction de l’hydrodynamique au fil des saisons, indique Adrien Simonet. Nos résultats ne pourront malheureusement pas être utilisés pour mesurer les effets déjà observables des changements climatiques, car il manque de données sur l’état du lac avant notre étude.»
À plus long terme, ces recherches ont aussi une visée de protection et de gestion du territoire. Épaulée par Environnement Canada et Agriculture et Agroalimentaire Canada, Maude Camiré estime que la création de savoirs pourrait mener à l’élaboration de politiques de gestion de l’environnement plus adaptées à la réalité actuelle.
Le suivi du lac Croche s’inscrit d’ailleurs dans un projet collaboratif mené dans trois autres bassins versants du Québec dont les paramètres (type de forêt, pollution, activité humaine, etc.) varient.