Une maladie en arrière-plan
- Salle de presse
Le 18 juillet 2023
- UdeMNouvelles
Une équipe de scientifiques de l'UdeM tente de mieux comprendre la résilience du cerveau pendant la période asymptomatique de la maladie de Parkinson… et fait une découverte surprenante.
Vous venez d’apprendre que vous avez la maladie de Parkinson ou un proche a reçu un tel diagnostic? Sachez qu'il est probable que la maladie progressait en arrière-plan depuis plus de 10 ans, insidieusement.
De nouveaux travaux effectués à l’Université de Montréal et publiés dans la revue Nature Communications jettent une lumière nouvelle sur cette surprenante résilience du cerveau pendant la période asymptomatique de la maladie de Parkinson.
L’équipe du neuroscientifique Louis-Éric Trudeau a démontré que les circuits du mouvement dans le cerveau de souris sont insensibles à une perte presque totale de la sécrétion active de la dopamine.
Cette observation est surprenante, puisque la dopamine est un messager chimique pourtant reconnu pour son importance dans le mouvement. Et dans la maladie de Parkinson, les niveaux de dopamine dans le cerveau baissent inexorablement.
«Cette observation allait à l’encontre de notre hypothèse initiale, mais c’est souvent ainsi en science et cela nous a forcés à réévaluer nos certitudes sur ce que fait vraiment la dopamine dans le cerveau», a indiqué le professeur du Département de pharmacologie et physiologie et du Département de neurosciences de l'UdeM.
À l’aide d’une manipulation génétique, Louis-Éric Trudeau et ses collègues ont éliminé la capacité des neurones producteurs de dopamine à libérer ce messager chimique en réponse à l’activité électrique normale de ces cellules.
Étudiant de doctorat dans le laboratoire du professeur, Benoît Delignat-Lavaud s’attendait à voir chez les rongeurs une perte de fonction motrice semblable à ce qu’on observe chez les individus atteints de la maladie de Parkinson.
Mais surprise! Les souris ont montré une capacité de mouvement totalement normale.
Mesurer les niveaux de dopamine
Parallèlement, des mesures des niveaux globaux de dopamine dans le cerveau de ces souris, faites par l’équipe du traumatologue Louis De Beaumont, du Centre de recherche de l’Hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal, ont cependant révélé que les niveaux extracellulaires de dopamine dans leur cerveau étaient normaux.
Ces résultats donnent à penser que l’activité des circuits du mouvement dans le cerveau ne nécessite que de faibles niveaux basaux de dopamine.
Il est donc probable que, dans les phases précoces de la maladie de Parkinson, les niveaux basaux de dopamine dans le cerveau restent suffisamment élevés pendant de nombreuses années malgré la perte graduelle de neurones produisant la dopamine. Ce serait seulement lorsqu’un seuil minimal est dépassé que les troubles moteurs apparaîtraient.
Selon l’équipe de recherche, en mettant au jour les mécanismes en cause dans la sécrétion de la dopamine dans le cerveau, ces travaux pourraient aider à concevoir de nouvelles approches pour diminuer les symptômes de cette maladie neurodégénérative incurable.
À propos de l'étude
L'article «Synaptotagmin-1-dependent phasic axonal dopamine release is dispensable for basic motor behaviors in mice», par Louis-Éric Trudeau et ses collègues, a été publié le 11 juillet 2023 dans Nature Communications.
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Jeff Heinrich
Université de Montréal
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