Qu'est-il arrivé aux ovules?
- UdeMNouvelles
Le 1 août 2023
Des scientifiques en biologie de la reproduction de l'UdeM pensent avoir découvert une raison clé de l'infertilité chez les femmes: une protéine importante appelée SF-1 est en quantité insuffisante.
Des études épidémiologiques ont montré que l'infertilité touche de 12 à 15 % des couples en âge de procréer dans les pays développés et au moins 25 % dans les pays sous-développés, soit 186 millions de personnes dans le monde. Dans environ 40 % des cas, l'infertilité a été attribuée à un dysfonctionnement ovarien, ce qui en fait un problème majeur pour la santé des femmes.
Chez les mammifères, les femelles ne disposent que d'un nombre limité d'ovocytes avant de concevoir; c'est ce qu'on appelle le bassin de follicules primordiaux ou la réserve ovarienne. Les follicules sont sélectionnés d'une manière ou d'une autre, puis activés progressivement et de manière irréversible. L'épuisement de la réserve dû au vieillissement ou à des troubles des ovaires entraîne l'infertilité, qui conduit à son tour à la ménopause.
Pour étudier la formation de la réserve ovarienne, les scientifiques du Centre de recherche en reproduction et fertilité de la Faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal ont utilisé un modèle de souris génétiquement modifiée dans lequel un récepteur nucléaire clé, le facteur stéroïdogène 1 (SF-1), a été appauvri dans les ovaires prénataux.
Il en a résulté une réduction spectaculaire du nombre de follicules dans la réserve ovarienne. Dans le modèle murin, davantage d'ovocytes sont morts en raison d'une augmentation de l'inflammation ovarienne et d'autres mécanismes. La perte de SF-1 a également entraîné une infertilité prématurée liée au vieillissement chez la souris.
Un régulateur essentiel
Sous la direction du professeur de biomédecine vétérinaire Bruce D. Murphy, les scientifiques concluent que la protéine SF-1 est un régulateur essentiel de l'assemblage des follicules primordiaux et, par conséquent, de la formation de la réserve ovarienne.
Leurs résultats sont publiés dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, la revue de l'Académie nationale des sciences des États-Unis.
«Comme les études génétiques ont montré que la protéine SF-1 est exprimée au moment de la formation de la réserve ovarienne humaine, ce travail est important pour comprendre l'infertilité ovarienne prématurée et la ménopause chez les femmes», a déclaré Bruce D. Murphy.
Selon le professeur Murphy, «pour résoudre ces problèmes d'infertilité, la SF-1 pourrait servir de cible potentielle pour des interventions thérapeutiques. Il serait ainsi beaucoup plus facile pour les médecins de déterminer ce qui rend leurs patientes infertiles et d'inverser la tendance».
À propos de cette étude
L'article «Steroidogenic factor 1 (SF-1; Nr5a1) regulates the formation of the ovarian reserve», par Bruce D. Murphy et ses collègues, a été publié le 26 juillet 2023 dans les Proceedings of the National Academy of Sciences.
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