Mettre au jour les problèmes de nutrition chez les jeunes de la communauté de Miawpukek
- UdeMNouvelles
Le 11 septembre 2023
- Martin LaSalle
Deux diplômées en nutrition de l’UdeM ont effectué un séjour dans la communauté de Miawpukek, à Terre-Neuve-et-Labrador, pour cerner les problèmes de nutrition chez les jeunes de la communauté.
Ariane Lafortune et Milena Nardocci ont séjourné pendant trois semaines, en avril et en mai, à Miawpukek, à Terre-Neuve-et-Labrador, afin de mettre au jour les problèmes en matière de nutrition, de santé et d’environnement chez les enfants de cette communauté autochtone.
Toutes deux titulaires d’un baccalauréat en nutrition et d’une maîtrise – la première en nutrition et la seconde en santé publique –, Ariane Lafortune et Milena Nardocci avaient pour mandat d’évaluer les conditions de vie des enfants et des jeunes adultes de façon holistique, incluant l’environnement alimentaire, les conditions de vie, les activités physiques, les habitudes de vie et l’état de santé.
Un projet de recherche à grande échelle
Leur présence dans cette communauté s’inscrivait dans le cadre du projet de recherche FEHNCY, mené dans tout le Canada.
L’étude FEHNCY, qui s’échelonne sur 10 ans, vise plus particulièrement les enfants âgés de 3 à 19 ans de plusieurs communautés de Premières Nations à travers le pays. Financé par Services aux Autochtones Canada, ce projet est dirigé en partenariat par l'Université de Montréal, l'Université d'Ottawa, l'Assemblée des Premières Nations, l'Université Laval, l'Université McGill et Santé Canada.
À l’UdeM, deux professeurs du Département de nutrition sont cochercheurs principaux du projet de recherche, soit Malek Batal, qui est notamment responsable des enquêtes effectuées auprès des enfants, et Geneviève Mercille, qui s’occupe du volet de l’environnement alimentaire.
Une contribution importante
Ariane Lafortune et Milena Nardocci faisaient partie de l’équipe de la clinique mobile mise en place dans un lieu communautaire à Miawpukek au début de l’été. Elles ont aussi accompagné les chercheurs communautaires qui visitaient les maisons et s’enquéraient des habitudes alimentaires d’au moins un enfant par famille. En tout, l’équipe de recherche a recueilli et analysé les données relatives à 74 enfants et jeunes adultes, dont 47 ont accepté de participer aux activités de la clinique mobile.
«Notre clinique mobile était munie de matériel pour réaliser différents tests et prélèvements, indique Ariane Lafortune. Nous analysions certains échantillons sur place, dont ceux de cheveux pour vérifier leur concentration en mercure, afin de signaler les suivis à faire auprès des centres de santé locaux, tandis que les échantillons de sang et d’urine étaient envoyés pour analyse à l’Institut national de santé publique du Québec.»
À l’intérieur de la clinique mobile, les chercheuses disposaient aussi de matériel pour divertir et rassurer les enfants et les adolescents qui prenaient part au projet, dont des jeux et des costumes.
«Les jeunes et leurs parents ont été très généreux et ont dit vouloir prendre part au projet de recherche, souligne Milena Nardocci. Ils étaient nombreux à venir pour connaître les résultats de leurs tests.»
Les deux diplômées ont aussi contribué au projet de doctorat de Fabrice Mobetty, du Département de nutrition, en évaluant la qualité de l'environnement alimentaire de la communauté, c’est-à-dire un ensemble de conditions dans lesquelles une personne a accès aux aliments, les achète et les consomme.
«Nous avons utilisé la grille d’observation élaborée par Fabrice pour évaluer différentes épiceries situées dans la communauté et dans de plus grands centres urbains afin d'y comparer la disponibilité, la qualité et l’abordabilité de l'offre alimentaire», poursuit Milena Nardocci.
Au cours des prochains mois, voire des prochaines années, Ariane Lafortune et Milena Nardocci entendent continuer leur travail dans l’équipe de recherche du projet FEHNCY, qui s’arrêtera dans d’autres provinces canadiennes.
Objectif: la souveraineté alimentaire
Selon la professeure Geneviève Mercille, les résultats de l'étude FEHNCY éclaireront ceux et celles qui formulent les recommandations des politiques gouvernementales et des programmes communautaires visant l’amélioration de la santé des enfants des Premières Nations.
Plus encore, l’étude pourrait contribuer au renforcement des capacités globales des Premières Nations.
«Les recommandations qui résulteront de l’étude pourraient s’appliquer à plusieurs communautés et chacune pourrait ainsi mettre en place des initiatives qui pourraient être multipliées par la mobilisation et l’innovation sociale», espère-t-elle.
«Ce projet s’inscrit plus largement dans un objectif qui vise la souveraineté alimentaire dans les communautés autochtones, conclut la professeure. L’état des connaissances que nous dresserons, en collaboration avec les acteurs du milieu, pourrait leur permettre d’orienter leurs revendications et demandes dans une démarche de prise en charge communautaire afin qu’elles puissent disposer de leur environnement pour prospérer.»