Sonder comment la population étudiante concilie études, travail et santé mentale

S’il y a des risques à trop travailler pendant les études, le travail en soi crée aussi des occasions de développement et d’apprentissage qui facilitent la transition vers la vie adulte.

S’il y a des risques à trop travailler pendant les études, le travail en soi crée aussi des occasions de développement et d’apprentissage qui facilitent la transition vers la vie adulte.

Crédit : Getty

En 5 secondes

Les professeures Nancy Beauregard et Véronique Dupéré cherchent à connaître les implications de la conciliation études, travail et vie personnelle sur la santé mentale des étudiantes et des étudiants.

Bon nombre d’études ont conclu que travailler un grand nombre d’heures par semaine a un effet néfaste sur les études et le bien-être des jeunes, mais celles qui explorent les retombées positives du travail sur leur santé mentale sont plus rares.  

C’est l’axe de recherche qu’explorent deux professeures de l’Université de Montréal.  

Nancy Beauregard, de l’École de relations industrielles, et Véronique Dupéré, de l’École de psychoéducation, se penchent plus précisément sur la façon dont les étudiantes et les étudiants parviennent à concilier le travail, la famille, leurs réseaux et leur engagement dans la société et comment cette conciliation influe sur leur santé mentale.

Cartographier les pratiques prometteuses

Véronique Dupéré et Nancy Beauregard

Véronique Dupéré et Nancy Beauregard

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

Toutes deux sont à l’œuvre au sein de Myriagone ‒ Chaire McConnell-Université de Montréal en mobilisation des connaissances jeunesse, qui rassemble des partenaires de divers horizons, dont des partenaires jeunesse. 

«Nous nous intéressons, entre autres, à la santé mentale des jeunes qui transitent vers la vie adulte à travers leurs études et le travail, explique Nancy Beauregard. C’est un jalon important de leur parcours et notre approche considère différentes sphères de leur vie.» 

Et en collaboration avec des partenaires en éducation, en santé publique et du secteur associatif jeunesse, elles se penchent aussi sur le travail chez les adolescents et les adolescentes. Elles ont d’ailleurs présenté un mémoire au printemps dernier sur le projet de loi no 19 destiné à encadrer le travail des enfants de 16 ans et moins.  

Cette collaboration, soutenue par le Centre de recherche en santé publique de l’UdeM, se poursuit au sein du Chantier intersectoriel sur la conciliation études-travail, lancé conjointement par la Direction régionale de santé publique de Montréal et Réseau réussite Montréal.  

Récemment, Nancy Beauregard et Véronique Dupéré ont rejoint les rangs de l’Observatoire sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur, mis sur pied en février dernier et codirigé par Julie Lane, de l’Université de Sherbrooke, et Benjamin Gallais, du Cégep de Jonquière.  

Elles y sont responsables de l’axe Conciliation travail, études et vie personnelle.  

«Notre projet est en démarrage et il vise tant les étudiants et étudiantes des cégeps et des universités qui travaillent que les jeunes qui ont terminé leurs études et qui viennent d’intégrer le marché du travail, poursuit Véronique Dupéré. À travers une multitude de profils, nous voulons cartographier les pratiques prometteuses en matière de conciliation ainsi que les besoins pour les soutenir.»  

«Un des points majeurs qui ressort pour l’instant est que, s’il y a des risques à trop travailler pendant les études, le travail en soi crée aussi des occasions de développement et d’apprentissage qui facilitent la transition vers la vie adulte», souligne Nancy Beauregard. 

La professeure de relations industrielles ajoute: «Nous cherchons à vérifier comment le travail permet, chez les jeunes, d’enrichir leurs compétences et d’inculquer des valeurs qui peuvent être transposées dans leur parcours scolaire et comment cette conciliation peut également être un vecteur de santé.»   

Déjà, certaines recherches doctorales publiées récemment montrent que le travail peut jouer un rôle positif et soutenir la santé mentale lorsque le nombre d’heures est compatible avec les sphères de la vie privée et que le type d’emploi est relié aux aspirations professionnelles et à la carrière souhaitée.

Un projet sur l’environnement psychosocial de travail

Nancy Beauregard dirige aussi un projet de recherche sur l’environnement psychosocial de travail chez les jeunes.  

Mené en collaboration avec Force jeunesse, ce projet fait appel à une quinzaine de participantes et participants dont certains étudient au cégep ou à l’université et vise à évaluer les représentations que les jeunes ont des facteurs de stress qu’ils perçoivent dans leur milieu de travail. 

«Pour ce faire, nous utiliserons un photovoix sur lequel les jeunes déposeront des images qu’ils auront prises de ce qu’ils considèrent comme des stresseurs au travail, explique-t-elle. C’est un exercice démocratique qui permet de nommer et de comprendre les différentes réalités qu’ils vivent et qui facilite les échanges avec les autres sur différentes perspectives.»  

À travers cet exercice, Nancy Beauregard souhaite faire ressortir les risques psychosociaux du travail chez les jeunes afin de les sensibiliser aux facteurs de stress «qui peuvent être parfois flous et abstraits». 

«Ce projet se déroule aussi dans le nouveau contexte législatif qu’entraîne la modernisation de la Loi sur la santé et la sécurité du travail par l’introduction des risques psychosociaux du travail qu’il faut désormais prévenir, cibler et atténuer pour favoriser la santé et la sécurité», contextualise Nancy Beauregard.  

«Il est important de voir comment les stresseurs du travail s’invitent chez les jeunes et nous sommes persuadées que ce projet de recherche permettra l’éclosion d’autres initiatives visant à améliorer la santé mentale des jeunes travailleuses et travailleurs», conclut la professeure.

Sur le même sujet

étudiants travail santé mentale