Argilos: trois décennies de fouilles et de découvertes archéologiques… et ça continue!
Dans la série
Pas de vacances pour la science! Article 25 / 40
Un dispensaire ou un minihôpital
L’an passé, les stagiaires ont fouillé l’intérieur d’une pièce d’un nouveau bâtiment, où ils ont exhumé des objets particuliers, dont une bouillotte grecque fabriquée en argile.
«Cet objet, que les Grecs nommaient “thermofora”, prenait la forme de l’endroit du corps où on le déposait et on le trouve généralement – à cette époque – dans les hôpitaux, dit le professeur. Cette découverte, combinée avec celle des autres artéfacts, nous fait croire que ce bâtiment devait abriter une forme de dispensaire ou un minihôpital.»
Les archéologues en devenir iront également sur le site en question pour étudier son architecture et sa structure afin de planifier les futures campagnes de fouilles.
Préparer la relève
La formule du stage de cet été demeure la même en ce qui a trait aux apprentissages: qu’il s’agisse des principes relatifs aux fouilles archéologiques, de la manipulation et de l’identification des objets et des artéfacts, de l’histoire de la région et de son importance, différentes approches seront mises en œuvre pour alimenter la curiosité – voire susciter la passion – à l’égard de l’histoire antique et des carrières qu’elle peut offrir.
C’est ce que souhaite Jacques Perreault qui, depuis bon nombre d’années, entraîne dans son sillage des élèves du collégial. Cette année, celles et ceux qui l’accompagnent sont inscrits au programme d’histoire et des civilisations au Collège de Rosemont et au Collège Lionel-Groulx.
Grâce à une entente entre ces deux cégeps et la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal, les meilleurs étudiants et étudiantes de ce programme peuvent suivre le cours d’introduction à l’archéologie, donné par M. Perreault, et, s’ils s’inscrivent par la suite au Département d’histoire de l’UdeM, le cours leur est crédité.
Bon an, mal an, de 1000 à 1500 objets sont découverts sur le site d’Argilos au cours de fouilles archéologiques qui s’y déroulent depuis 1992 sous la direction du professeur Jacques Perreault, du Département d’histoire de l’Université de Montréal.
Rappelons qu’Argilos est une ancienne colonie située en Grèce du Nord, qui a été fondée en 655-654 avant notre ère.
Cette année, 40 étudiantes et étudiants d’université et 12 du collégial feront le point sur ce qui a été mis au jour l’été dernier.
«Durant des fouilles, nous effectuons un premier tri des pièces selon leur fonction, souligne Jacques Perreault. Chaque objet est photographié, dessiné, numéroté pour la rédaction de rapports, mais il faut les analyser plus en profondeur pour mieux comprendre l’ensemble de l’environnement et c’est ce que nous faisons cette année, dans un premier temps.»
La mission archéologique gréco-canadienne d’Argilos
La mission archéologique gréco-canadienne d’Argilos est un projet de collaboration à long terme entre l’Éphorie des antiquités préhistoriques de Kavala et l’UdeM. Sous la direction de Zisis Bonias et de Jacques Perreault, la mission accueille chaque année une quarantaine d’étudiantes et d’étudiants canadiens et européens, assistés d’ouvriers qualifiés et de chercheurs spécialisés dans divers domaines afin d’effectuer des fouilles sur le site d’Argilos.
Argilos constitue la plus ancienne colonie grecque sur la côte thrace dans la région du Strymon et du mont Pangée. Les témoignages littéraires retracent quelques moments forts de son histoire et paraissent indiquer que la ville a connu un essor économique important, au moins jusqu’à la fondation d’Amphipolis en 437 avant notre ère. Elle aurait été abandonnée autour de l’an 357, après avoir été conquise par Philippe II. Elle fut redécouverte par l’archéologue français Paul Perdrizet en 1883.