Santé psychologique et santé physique: ça va bien à l’UdeM, mais…

Bien que certains aspects liés à la détresse psychologique, à l’épuisement professionnel et aux troubles musculosquelettiques soient à surveiller, l’Université de Montréal présente globalement un bilan assez favorable et se compare avantageusement aux autres milieux de travail, selon Alain Marchand.

Bien que certains aspects liés à la détresse psychologique, à l’épuisement professionnel et aux troubles musculosquelettiques soient à surveiller, l’Université de Montréal présente globalement un bilan assez favorable et se compare avantageusement aux autres milieux de travail, selon Alain Marchand.

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

En 5 secondes

Le professeur Alain Marchand a présenté les résultats de l’Étude longitudinale de l’Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail relatifs au personnel de l’UdeM.

Les membres du personnel de l’Université de Montréal se portent relativement bien en comparaison de ceux et celles d’autres milieux de travail analogues, mais certains indicateurs demeurent préoccupants, notamment les symptômes de détresse psychologique et d’épuisement professionnel. 

C’est ce qu’indiquent les résultats de la cinquième et dernière phase de l’Étude longitudinale de l’Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail (ELOSMET), présentés le 27 novembre au cours d’une rencontre virtuelle à laquelle tout le personnel de l’Université était convié. 

L’ELOSMET est une étude à grande échelle à laquelle plus de 12 600 personnes dans 117 milieux de travail clients de TELUS Santé (anciennement Solutions Mieux-être LifeWorks et Morneau Shepell) et de l’assureur Croix Bleue Medavie ont pris part ces cinq dernières années.

Des données recueillies sur cinq ans à l’UdeM

Alain Marchand

Alain Marchand

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

Soutenue par la Direction des ressources humaines, la portion de l’ELOSMET qui concerne l’UdeM vise à brosser le tableau de la santé mentale et de la santé physique de ses employés et employées et à mettre en lumière les facteurs au travail et à l’extérieur du travail qui influencent leur état de santé. 

Pour le cinquième cycle de l’étude, dont les données ont été recueillies en 2023, plus de 1050 membres du personnel de l’UdeM ont répondu au questionnaire qui leur avait été transmis.  

En voici les principaux résultats. 

Santé mentale 

  • Les symptômes de détresse psychologique sont demeurés les mêmes en 2023 par rapport à l’année précédente, soit 36,3 % et 36,6 % respectivement. Il s’agit là d’un taux analogue au premier cycle, réalisé en 2019 (avant la pandémie), soit 39,5 %. Rappelons que, au cours de la crise sanitaire, près de 41 % des répondants et répondantes de l’UdeM affirmaient ressentir des symptômes de détresse psychologique.  
  • L’épuisement professionnel a touché 23,3 % du personnel en 2023, une légère baisse par rapport à 2019 (25 %), mais une hausse relativement à 2022 (21,9 %). 
  • Avec un taux de 21 %, l’usage de médicaments psychotropes en 2023 a considérablement diminué par rapport à l’année précédente, où 25,1 % des gens avaient répondu y avoir eu recours. 

«Globalement, la situation à l’UdeM est mieux que dans les autres milieux de travail ayant participé à l’ELOSMET, souligne Alain Marchand, professeur titulaire à l’École de relations industrielles. Au chapitre de l’épuisement professionnel, les membres du personnel de l’Université affichent en moyenne 4,6 % moins de symptômes d’épuisement professionnel, tandis que les résultats sont semblables en ce qui a trait à l’usage de médicaments et aux symptômes de détresse psychologique, ce qui demeure néanmoins préoccupant.» 

Santé physique 

Parmi les répondantes et les répondants de l’UdeM ayant pris part à l’étude: 

  • 27,1 % ont dit souffrir d’obésité en 2023, une tendance à la hausse par rapport à 2019, où cette proportion était de 23,3 %; 
  • 17,5 % ont rapporté des problèmes cardiovasculaires en 2023, par rapport à 15,9 % au premier cycle de l’étude; 
  • 58,4 % ont déclaré des troubles musculosquelettiques (TMS) aux membres supérieurs en 2019, contre 57,1 % en 2019; 
  • 46,1 % ont signalé des TMS au dos en 2023, un taux stable par rapport à 2019 (45,3 %). 

«Ces résultats sont également comparables à ceux recueillis auprès des autres milieux de travail, exception faite de l’obésité, qui touchait 7,3 % moins de personnes de l’UdeM que dans d’autres organisations», dit celui qui est directeur scientifique de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail.

Facteurs de risque et de protection du milieu de travail

L’ELOSMET a aussi permis de mesurer les facteurs de risque et de protection du milieu de travail sur la santé des personnes, selon une échelle qui permet de considérer ces facteurs comme étant: 

  • faibles si la moyenne se situe entre 0 et 33, 
  • moyens si elle est de 34 à 66, 
  • élevés si elle est au-delà de 67. 

Parmi les facteurs de protection, l’utilisation des compétences (74,1) et l’autorité décisionnelle (70,4) sont les éléments les plus souvent rapportés, en moyenne, par les membres du personnel de l’UdeM dans les trois cycles de l’étude. Ces facteurs étaient respectivement de 76,2 et de 71,7 en 2019, ce qui témoigne d’une légère détérioration à ce chapitre. 

Là où l’UdeM se démarque est le soutien entre collègues, qui s’élevait à 77,6 en 2023, un niveau analogue à 2019 (76,5), de même que le soutien du superviseur ou de la superviseuse, qui est passé de 67,8 au premier cycle de l’étude à 73,5 l’an dernier. 

Il en est de même des facteurs de gratification: les membres du personnel de l’UdeM affirment jouir d’une bonne reconnaissance (76,6 en 2023 contre 73,1 cinq ans plus tôt) et d’une sécurité d’emploi (75,9 comparativement à 73,7). Pour ce qui est des perspectives de carrière, l’échelle indique un niveau moyen de 50,8, une légère baisse par rapport à 52,5 en 2019.  

Le principal facteur de risque énoncé a trait aux exigences liées à la charge mentale, qui était de 51,5 en 2023, une diminution significative par rapport à 2019, où ce niveau était de 53,8. 

Les comportements agressifs (9,3 l’an dernier comparativement à 13,4 en 2019) et le harcèlement (1,4 par rapport à 2,2) sont aussi en baisse.

Situation extérieure au travail et conditions personnelles

Par ailleurs, le statut d’aidant était le lot de 23,4 % des gens ayant participé à l’ELOSMET en 2023, une proportion presque identique à 2019 (23,8 %).  

La conciliation travail-famille s’établissait à 26 sur l’échelle des facteurs de risque, une légère hausse par rapport à 24,9 cinq ans plus tôt. En revanche, le niveau en matière de conflits travail-famille était de 41,1 en 2023, une moyenne significativement moindre qu’en 2019 avec 43,4.  

En ce qui a trait aux habitudes de vie, l’ELOSMET a permis de constater une augmentation de la consommation d’alcool à risque l’an dernier par rapport à 2019 (14,9 % contre 13,5 %) et il en est de même pour l’usage du cannabis (16,1 % par rapport à 13,9 %). L’usage du tabac a légèrement diminué (5,1 % contre 5,6 %), tandis que l’activité physique a connu un bond important (61 % comparativement à 54,9 %).

Un bilan qui «se compare avantageusement»

Si certains aspects de l’état de santé et du mieux-être au travail sont à surveiller – notamment en ce qui a trait à la détresse psychologique, à l’épuisement professionnel et à certains troubles musculosquelettiques –, «l’Université de Montréal présente globalement un bilan assez favorable sur le plan des conditions de travail évaluées et se compare avantageusement aux autres milieux de travail de l’ELOSMET», conclut Alain Marchand.