Mettre en œuvre des pratiques d’enseignement enracinées dans les savoirs autochtones

En 5 secondes Le Prix d’excellence pour la pédagogie respectueuse des cultures et savoirs autochtones est remis au Comité autochtone de l’École de criminologie.
Nathalie Fontaine

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Prix d’excellence en enseignement 2025 Article 14 / 16

Lauréat du Prix d’excellence pour la pédagogie respectueuse des cultures et savoirs autochtones 2025, le Comité autochtone de l’École de criminologie de l’Université de Montréal incarne une volonté forte de repenser l’enseignement à la lumière des savoirs et réalités autochtones. Créé en 2019 dans la foulée des appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, le Comité réunit des membres autochtones et allochtones du corps enseignant, du personnel responsable des stages et de la communauté étudiante. Il s’est donné pour mandat de transformer en profondeur les pratiques pédagogiques de l’École de criminologie afin de favoriser une approche des Premiers Peuples respectueuse, inclusive et ancrée dans les réalités contemporaines. Le Comité est composé des professeurs Étienne Blais, Nathalie Fontaine, Mylène Jaccoud et Alain-Guy Tachou Sipowo, du chargé de cours Philippe Boucher, des coordonnatrices des stages Sophie Allard et Valérie Préseault, ainsi que des étudiantes en criminologie Jessica Chabot, Léanne Dauphinais, Léonie Gagnon-Barbin, Héléna Laporte, Ismehen Melouka et Andreea Zota.

Les objectifs du Comité autochtone s’articulent autour de deux axes: d’une part, promouvoir le recrutement, l’inclusion et la réussite des étudiants et étudiantes et des enseignants et enseignantes autochtones; d’autre part, intégrer de manière significative les perspectives autochtones dans les contenus et les méthodes d’enseignement. Le mandat est ambitieux, mais rigoureusement structuré: élaborer une offre de formation dans ce sens pour les populations étudiante et enseignante, mettre en œuvre des plans d’intégration dans la communauté universitaire, établir des liens concrets avec les milieux de pratique autochtones et soutenir les membres de la communauté étudiante dans leurs parcours de formation.

La démarche s’est concrétisée par l’analyse exhaustive de l’ensemble des cours offerts à l’École de criminologie. Cette analyse a permis de cibler les contenus incontournables à intégrer, menant à la création de deux plans de cours – l’un en criminologie, l’autre en sécurité et études policières – appelés à devenir obligatoires. Des ressources pédagogiques ont également vu le jour (listes de lectures, matériel adapté, accompagnement du personnel enseignant), de même que des formations ponctuelles, comme une classe de maître sur la recherche en contexte autochtone tenue en mars à l’occasion du Rassemblement Mitig de l’Université de Montréal.

Le Comité autochtone mise aussi sur l’ouverture et la rencontre, que ce soit par l’organisation d’évènements (conférences, activités immersives) ou par la création de partenariats structurants avec des organismes autochtones et des unités universitaires. Il met sur pied des stages en milieu autochtone, notamment au Centre de guérison Waseskun, ainsi qu’au Service de police du Nunavik et travaille à la production de capsules informatives sur les pratiques et les approches d’intervention culturellement pertinentes et sécurisantes.

Enfin, une attention particulière est portée à l’accès aux études pour les personnes issues des Premiers Peuples. Une procédure d’admission a été mise en place pour valoriser des parcours variés et réduire les obstacles à l’entrée à l’UdeM. Un accompagnement individualisé est aussi offert, de l’admission jusqu’à l’intégration dans le programme d’études, en plus de la création de bourses ciblées.

Les retombées de ce travail sont déjà visibles. Les premières évaluations, dont celles de membres des communautés autochtones, confirment la pertinence de l’approche et son influence sur la réussite étudiante. L’ensemble de la démarche, à la fois structurée, réfléchie et ancrée dans une perspective de durabilité, représente un modèle reproductible pour d’autres unités souhaitant s’engager dans une transformation pédagogique porteuse et respectueuse des savoirs autochtones. Le Comité autochtone a conçu un site Web afin de diffuser ses activités et celles de ses partenaires.

Je participe aux activités du Comité autochtone depuis le début de mon parcours à l’École de criminologie. Pour moi, l’un ne va pas sans l’autre. Je grandis sur les plans scolaire, professionnel et personnel grâce au Comité et mon expérience universitaire ne serait pas aussi enrichissante sans cet engagement. En tant qu’étudiante autochtone, j’aurais aimé voir des cours au baccalauréat sur les questions propres aux peuples autochtones. Je suis fière de faire partie de ce comité, qui rassemble des personnes accueillantes et bienveillantes engagées dans la mission d’intégration des savoirs et des réalités autochtones dans les activités de l’École de criminologie. Nous travaillons à l’atteinte d’un objectif commun auquel nous croyons sincèrement, dans l’intérêt des étudiants et étudiantes autochtones comme allochtones et dans la perspective de former des professionnels et des citoyens informés et compétents.

Héléna Laporte, étudiante autochtone au baccalauréat à l’École de criminologie

Le Comité autochtone de l’École de criminologie est lauréat du Prix d’excellence pour la pédagogie respectueuse des cultures et savoirs autochtones 2025.

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