Le «scrolling» nuit-il à vos études?

Dans la série
Rentrée 2025 Article 4 / 11
Nouvelle session, nouveau départ. On veut être motivé. Concentré. Apprendre. Réussir.
Mais nos téléphones cellulaires et les réseaux sociaux qui s’y logent nous font de l'œil. À l’ère du défilement infini (scrolling) et des notifications incessantes, difficile d’échapper à l’attrait d’un familier ding, d’une tentante vibration ou d’une rougeoyante icône.
Que se passe-t-il exactement dans notre cerveau lorsque surgissent ces sollicitations? Louis-Éric Trudeau, professeur au Département de pharmacologie et physiologie et au Département de neurosciences de l’Université de Montréal, nous donne des pistes de réponse.
Et ça commence par la dopamine.
Le moteur invisible de nos actions

La dopamine est un messager chimique de notre cerveau, mobilisé dans le mouvement, la motivation et la recherche de ressources vitales comme la nourriture et les partenaires sexuels, rappelle Louis-Éric Trudeau. Bref, le système dopaminergique oriente nos comportements vers ce que notre cerveau perçoit comme important.
Un déficit de dopamine entraîne une apathie et un manque d’élan (un peu comme dans la dépression), alors qu’un excès de dopamine peut provoquer une excitation démesurée et un sentiment de pouvoir tout accomplir, comme c’est le cas avec certaines drogues.
«Un chercheur aux États-Unis a fait paraître un livre pour expliquer simplement ce qu’est la dopamine. Il l’a intitulé The Molecule of More», illustre le chercheur.
Et c’est là que les réseaux sociaux entrent en jeu. Lorsqu’une notification apparaît sur notre téléphone, notre cerveau l’interprète comme un signal potentiellement important, une récompense possiblement intéressante. Ce stimulus active le système dopaminergique, renforçant l’envie de consulter l’écran même si le contenu est souvent banal, voire inutile.
Et l’effet sur le cerveau?
Chaque notification agirait donc comme un signal pour notre cerveau susceptible de créer une certaine dépendance. Et c’est à ce moment-là qu’on peut sombrer dans le défilement infini, souvent au détriment de tâches plus pertinentes.
Toutefois, nuance Louis-Éric Trudeau, aucune étude n’a pour l’instant prouvé que l’utilisation des réseaux sociaux cause des dommages directs ou irréversibles au système dopaminergique en raison d’une sursollicitation. Il lui semble aussi improbable que cet usage précipite certaines maladies neurologiques – comme la maladie de Parkinson, qui est étroitement liée à un dysfonctionnement du système dopaminergique.
«Mais il y a des données quand même assez claires chez l’humain qui montrent que, chez les enfants en particulier, l’utilisation abusive et quotidienne des réseaux sociaux entraîne des problèmes d’humeur et de concentration ainsi que des difficultés scolaires. Et cela s’applique aussi aux élèves du secondaire comme aux étudiantes et étudiants d’université», indique le professeur.
Sachant cela, dans un contexte scolaire, Louis-Éric Trudeau recommande de désactiver la majorité des notifications – sauf dans certains cas critiques –, de consulter ses messages à des moments précis de la journée et de mettre son téléphone de côté durant les périodes d’étude.
Une discipline simple pour une rentrée réussie!