Des diplômés en marche vers la cible carboneutre

Quatre diplômés de l’UdeM s'expriment sur leurs efforts quotidiens pour réduire les émanations de carbone dans l'environnement.

Quatre diplômés de l’UdeM s'expriment sur leurs efforts quotidiens pour réduire les émanations de carbone dans l'environnement.

Crédit : Getty/UdeM

En 5 secondes

Rendre l’humanité carboneutre représente un défi auquel chacun doit prendre part. Voici quatre diplômés de l’UdeM qui travaillent pour nous mener vers cet objectif… et changer le monde.

Courage politique pour une ville carboneutre

Valérie Plante, mairesse de Montréal

L’an dernier, Valérie Plante a pris l’engagement de poser des gestes concrets pour faire de Montréal une ville carboneutre en 2050. «Il faut prendre certaines décisions même s’il y a des levées de boucliers, puis accompagner la population dans les changements. Je gouverne en ce moment, mais pour les générations futures.»

Son cheval de bataille: les transports, responsables à eux seuls de plus de 40 % des gaz à effet de serre au Québec. «Il faut réduire le voiturage en solo, donc donner des options aux gens et c’est pour cette raison que le transport collectif est si important», affirme Valérie Plante, qui déplore le grand retard en matière de construction d’infrastructures de transport à Montréal. Le dernier agrandissement du métro sur l’île remonte à 1988, puis il y a eu Laval en 2007. En plus de travailler sur le projet de «ligne rose», la mairesse vient d’acheter 300 autobus hybrides. «C’est le plus grand achat d’autobus depuis une vingtaine d’années.»

Valérie Plante, qui a étudié en anthropologie et en intervention multiethnique avant de faire une maîtrise en muséologie à l’UdeM, a par ailleurs annoncé en août la création du Grand Parc de l’Ouest, d’une superficie de 30 km2, qui englobera notamment le parc-nature du Cap-Saint-Jacques. «C’est 15 fois plus vaste que le parc du Mont-Royal. Ce sont les seuls terrains à Montréal qui n’étaient pas contaminés ou minéralisés et l’on s’apprêtait à les détruire pour construire 550 logements. Il y a une riche biodiversité à protéger dans ce secteur, qui a d’ailleurs souffert des inondations. On bâtira des condos ailleurs!»

Vers l’autonomie alimentaire ultralocale et écologique

Olivier Demers-Dubé, fondateur d’ÉAU

Imaginez une ferme où poussent des fruits et des légumes grâce à la récupération d’une eau pleine de nutriments provenant de bassins d’élevage de poissons. Le tout en vue de nourrir une population ultralocale, indépendamment du climat. C’est ce qu’offre ÉAU.

Une ferme typique de l’entreprise produit 20 tonnes de poissons par année et de 30 à 50 tonnes de fruits et légumes destinés à une collectivité de 1000 à 1500 personnes tout en économisant 300 millions de litres d’eau par rapport aux méthodes traditionnelles. Et ce, sans pesticides et engrais chimiques, ni rejets dans l’environnement. Les experts d’ÉAU ont déjà conçu et exploité une trentaine de fermes aquaponiques dans cinq pays et ils travaillent maintenant entre autres avec des coopératives, des entrepreneurs et des groupes des Premières Nations pour mettre en place des fermes pérennes au profit des communautés. «Nos projets sont réalisés avec chaque communauté pour répondre à ses besoins», explique Olivier Demers-Dubé, directeur général d’ÉAU, qui a fait un DESS en environnement et développement durable à l’UdeM. ÉAU réalise le plan d’affaires de la ferme, la bâtit et offre les formations en pisciculture, en production horticole et en gestion.

À Lyon, l’entreprise participera à un projet immobilier qui intégrera la production alimentaire dans des immeubles industriels ou résidentiels. «La conception est terminée; la prochaine étape est le financement pour ce très gros joueur de l’immobilier en France.» D’autres projets sont en cours d’élaboration en Europe et en Afrique.

Une entreprise «bénéfique» pour la société

Amélie Richard, présidente et associée chez Eltoro Studio

Chez Eltoro Studio, entreprise spécialisée dans la création et la production de contenus vidéos et dans la projection de spectacles, les employés sont invités à se préparer des lunchs zéro déchet ou à se servir des contenants réutilisables fournis par leur employeur s’ils optent pour la commande à emporter. Les restes de table vont au compost: Eltoro Studio paie le ramassage hebdomadaire de la matière organique. «Ça peut être difficile la première semaine pour les nouveaux employés, mais ils voient que nous le faisons tous, donc ils s’adaptent rapidement», constate Amélie Richard, présidente et associée chez Eltoro Studio.

En 2016, cette diplômée de l’UdeM en relations industrielles est allée chercher pour l’entreprise la certification internationale B Corporation: B pour «bénéfique», autant pour la société que pour l’environnement. Cela se traduit aussi par différentes mesures en gestion des talents. Par exemple, les employés ont trois jours rémunérés dans l’année afin de s’engager dans leur communauté. Et ils ont un horaire variable l’été. «Ils peuvent travailler le nombre d’heures et de jours qu’ils veulent, tant que le projet qu’ils doivent mener à bien est pris en charge par quelqu’un lorsqu’ils prennent congé.»

Amélie Richard a dû consacrer du temps à l’obtention de cette certification. «Il a fallu revoir la stratégie d’entreprise. Mais comme les exigences de B Corporation correspondent à nos valeurs et à celles des millénariaux que nous embauchons, les efforts en valaient la peine. Et ils ont porté leurs fruits.»

Le covoiturage pour réduire la congestion et les gaz à effet de serre

Marc-Antoine Ducas, fondateur de Netlift

«On est coincé dans des bouchons, mais les voitures sont vides, à un point tel que, dans toutes les métropoles, le nombre de sièges disponibles à l’heure de pointe dépasse la population totale», indique d’emblée Marc-Antoine Ducas, président fondateur de Netlift, une entreprise qui travaille à révolutionner le covoiturage.

«Il y a 1,5 million de voitures dans les rues à l’heure de pointe à Montréal, ajoute-t-il. Pour atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre de l’Accord de Paris, il faudrait réduire ce nombre de moitié. Trop d’investissements seraient nécessaires pour que le réseau de transport en commun à Montréal, qui peut faciliter les déplacements de 400 000 personnes actuellement, absorbe tous ces gens.» Pour l’entrepreneur titulaire d’un baccalauréat en musique et d’une mineure en mathématiques et physique de l’UdeM, en plus d’un baccalauréat en génie informatique de Polytechnique Montréal, le parc automobile est une richesse à exploiter.

Ainsi, depuis 2015, Netlift permet aux gens d’acheter des places dans les voitures à Montréal. Elle offre aussi cette solution de mobilité durable aux entreprises et à leurs employés. «Si le chauffeur annule la course à la dernière minute, notre service de taxi s’occupe des passagers.» Netlift a signé des ententes pour gérer le covoiturage à México, Los Angeles et Sherbrooke. À Montréal, des négociations sont en cours pour créer des partenariats avec les autorités de transport.