Nouveau cours sur l'identité de genre: des étudiants derrière le contenu

20191209_trans.jpg

20191209_trans.jpg

Crédit : Getty

En 5 secondes

L’Université de Montréal offre un nouveau cours en ligne gratuit sur la transdiversité et dont le contenu a presque été entièrement conçu… par des étudiants.

Vous avez écrit l’essentiel du cours. Que pouviez-vous apporter au contenu comparativement à d’autres?

Hélio: Le vécu. Bien souvent, les universités font preuve de bonne foi en mettant sur pied des initiatives pour les personnes trans, mais elles le font sans l’apport de ces mêmes personnes. Notre participation rend l’ensemble du cours plus crédible.

Claire: Évidemment, le cadre théorique des identités de genre est fondamental et c’est le travail de la professeure Annie Pullen Sansfaçon. Hélio et moi, en revanche, nous savons ce que c’est que d’être une personne trans. On apporte en quelque sorte le point de vue de l’intérieur.

Le contenu du cours a été revu par plusieurs intervenants. Comment s’est déroulée cette collaboration?

Claire: Nous avions une grande liberté dans la production des contenus. Bien entendu, Annie Pullen Sansfaçon a été présente tout au long du processus et a revu les textes à plusieurs reprises. Il faut aussi souligner l’importante contribution de Martine Jalbert, du Vice-rectorat [aux affaires étudiantes et aux études], et de Caroline de Coninck et Philippe Léonard, du Centre de pédagogie universitaire [CPU]. C’était d’ailleurs essentiel de faire valider les contenus par des personnes non trans, qui ne sont pas autant au fait des enjeux que nous.

Hélio: Le cours a beaucoup évolué au fil du projet. Si l’on regarde les premières propositions soumises au CPU, on réalise à quel point son aide nous a permis de bonifier le cours.

Vous avez réellement senti l’engagement de l’Université dans ce projet…

Hélio: Complètement. Et je suis ravi et touché de constater l’engagement de tous les intervenants. Au-delà des paroles et des vœux, ce qui nous manquait, c’était ce sentiment que l’Université se soucie réellement de la question des personnes trans et non binaires. Que quelqu’un du rectorat, en l’occurrence Mme Jalbert, s’engage concrètement dans ce projet nous a convaincus.

Quels ont été les principaux défis que vous avez rencontrés?

Hélio: Le fait qu’on partait de rien, de zéro! Mais huit mois plus tard, nous avions un produit fini.

Claire: Il a aussi fallu habituer nos collaborateurs à nos référents et parfois les convaincre de la pertinence de tel ou tel aspect du cours. En quelque sorte, une certaine éducation était nécessaire au sein même de l’équipe du projet.

Quel est votre souhait pour les personnes qui suivront «votre» cours?

Hélio: En tant que personnes trans, on vit des situations particulières et l’on est confrontés à des enjeux qui nous sont propres. Le véritable but du cours, c’est d’outiller tous ceux et celles qui interagissent avec ces personnes, autant les professeurs que les employés, et même les gens en dehors du milieu universitaire. On veut les aider en leur fournissant des outils et des pistes d’intervention pour faciliter le quotidien des personnes trans. Si les gens qui suivent la formation retiennent ne serait-ce qu’un concept, je sentirai que j’ai fait ma job!

Claire: Il y a même des membres de ma propre famille qui m’ont écrit pour me dire qu’ils aimeraient suivre la formation!

Le 9 décembre dernier, l’Université de Montréal annonçait le lancement du tout premier cours en ligne ouvert à tous, et en français, sur la transdiversité. Ce cours a pour but d’informer et d’outiller les proches ou les membres de l’entourage d’une personne trans afin de mieux l’accompagner et interagir avec elle, en milieux éducatifs ou dans toute autre situation de la vie quotidienne.

Fruit d’un partenariat entre la Chaire de recherche du Canada sur les enfants transgenres et leurs familles, le Groupe d’action trans de l’Université de Montréal et le Vice-rectorat aux affaires étudiantes et aux études, le cours a été conçu en grande partie par deux étudiants issus de la communauté trans et non binaire de l’UdeM.

Pour la titulaire de la Chaire de recherche, la professeure et chercheuse Annie Pullen Sansfaçon, toute action visant à lutter contre l’homophobie et la transphobie doit être menée en étroite collaboration avec les principales personnes concernées. C’est ainsi qu’elle a fait appel à Hélio, étudiant au BACCAP (baccalauréat par cumul avec appellation) en fondements et pratiques en sciences sociales et santé et auxiliaire de recherche à la Chaire, pour la conception du cours en ligne. Ce dernier s’est tourné vers l’étudiante en droit Claire Duclos pour ce qui allait être un marathon de travail: schématisation du cours dans son ensemble, rédaction des contenus, scénarisation des vidéos et animations, séances de distribution des rôles, tournage des vidéos… Le tout en moins de huit mois.

Rencontre avec les deux étudiants en question.

Transdiversité: un cours en ligne gratuit ouvert à tous

Lire le communiqué concernant le cours Transdiversité (DSG 101.1), offert à tous et à toutes gratuitement sur la plateforme EDUlib.

Inscrivez-vous au cours sur EDUlib.

Le prénom choisi: en vigueur dès le 23 janvier

L’Université annonçait en août dernier que, à compter de la session d’hiver 2020, il sera possible pour les personnes étudiant et travaillant à l’UdeM de choisir un prénom, différent de celui donné à la naissance, que l’Université utilisera pour communiquer et interagir avec elles. Cette mesure a pour objectif de favoriser l’inclusion de la diversité dans notre communauté et répond à une demande du Groupe d’action trans de l’UdeM. Plusieurs systèmes et processus ont été adaptés pour recevoir la donnée du prénom choisi afin de maximiser son utilisation à travers nos campus.

Pour les membres de la communauté trans et non binaire, l’utilisation du prénom choisi est un facteur majeur d’inclusion et cette mesure est considérée comme étant essentielle à leur bien-être. En effet, les diverses situations liées au prénom vécues quotidiennement par les personnes trans sont une source récurrente de stress et de malaise. Leur permettre d’utiliser le prénom de leur choix facilitera grandement leurs interactions dans toute l’Université.