Plan directeur d’aménagement: un patrimoine en héritage

Le patrimoine bâti du campus témoigne de plusieurs périodes importantes du point de vue architectural.

Le patrimoine bâti du campus témoigne de plusieurs périodes importantes du point de vue architectural.

Crédit : Archives UdeM

En 5 secondes

Le nouveau plan directeur d’aménagement du campus de la montagne fait une place accrue à la conservation du patrimoine, qu’il soit bâti, paysager, urbain, culturel ou artistique.

Dès le début de l’élaboration du Plan directeur d’aménagement du campus de la montagne (PDA), la conservation du patrimoine a été au cœur des préoccupations.

Cette volonté s’est traduite par la mise en place d’un comité-conseil au début du processus de révision du PDA, formé entre autres des professeures de la Faculté de l’aménagement Christina Cameron, Claudine Déom et Nicole Valois. «Il était important pour l’Université de faire appel à l’expertise de ces enseignantes», dit Radhia Hamdane, gestionnaire de projet à la Direction des immeubles et coordonnatrice du projet. La conservation du patrimoine a ainsi été adoptée comme l’un des trois axes du Plan directeur, avec le développement durable et la reconnaissance autochtone. «L’Université de Montréal est un campus très spécial, installé sur le flanc nord de la montagne. Peu de campus ont intégré la nature et la culture aussi bien que l’UdeM», soulève Christina Cameron.

Connaître pour conserver

Plusieurs études, documents et travaux antérieurs ont alimenté la réflexion autour du PDA. Celle-ci s’est appuyée sur les Normes et lignes directrices pour la conservation des lieux patrimoniaux au Canada, un standard au pays qu’a publié Parcs Canada. «C’est une méthodologie qui recommande de d’abord comprendre les valeurs patrimoniales avant de décider d’une action», explique Mme Cameron.

De plus, la Chaire de recherche du Canada en patrimoine bâti, dont Christina Cameron a été titulaire de 2005 à 2019, avait déjà fait l’exercice de désigner les valeurs patrimoniales en 2007-2008. Cette recherche, effectuée avec les professeures Déom et Valois et des étudiants et étudiantes de maîtrise, a mené à la publication d’un guide de sensibilisation pour le public. Tenant compte de ces travaux, le PDA a repris les 13 valeurs patrimoniales du campus et les 14 composantes paysagères ciblées.

Le patrimoine bâti du campus témoigne ainsi de plusieurs périodes importantes du point de vue architectural: «Pendant les années 60, il y a eu une grande expansion de l’Université; le campus comporte plusieurs bâtiments et lieux qui sont des contributions majeures à l’histoire de cette période. C’est à ce moment qu’on voit l’hexagone apparaître, une forme de prédilection à cette époque», raconte Mme Cameron. Cet héritage pose des défis particuliers de conservation, notamment à cause des matériaux alors employés. Le béton ne dure en effet pas éternellement, infiltré par la rouille et malmené par la température. Le PDA rappelle l’importance d’intégrer la question de l’entretien à même la planification des interventions.

Des gestes pour protéger

«Depuis la déclaration du site patrimonial du Mont-Royal et la signature du Pacte patrimonial du Mont-Royal, l’UdeM s’est réorientée vers des solutions patrimoniales et de développement durable», fait valoir Mme Cameron. L’établissement a posé plusieurs gestes qui soulignent l’importance accordée au patrimoine, dont la proposition dès 2012 de faire reconnaître le pavillon Roger-Gaudry comme lieu historique national. La Commission des lieux et monuments historiques du Canada a confirmé le statut du lieu en 2018.

La rénovation de l’amphithéâtre Ernest-Cornier et la restauration de la salle Claude-Champagne de la Faculté de musique sont d’autres gestes en ce sens. «La remise à neuf de l’amphithéâtre a été effectuée avec délicatesse et avec soin pour protéger ce qui avait une valeur patrimoniale et en même temps pour mettre à jour tout le côté technique», considère Mme Cameron.

Des engagements pour l’avenir

La place de La Laurentienne en 2015

Crédit : Amélie Philibert

Car protéger le patrimoine ne signifie pas le figer dans le temps, rappelle la professeure. «Le public croit souvent que la conservation veut dire le maintien en l’état actuel pour toujours. Le patrimoine doit plutôt être utile au public et au fonctionnement de la ville», précise Mme Cameron. Par conséquent, le PDA prévoit le déploiement d’efforts majeurs de restauration des lieux extérieurs, entre autres à la place de La Laurentienne, un lieu de rassemblement important pour l’Université, qui date aussi des années 60. Les études ont déjà été entamées selon l’approche prônée par le plan d’aménagement. «On a utilisé la méthode de conservation qu’on a établie dans le Plan directeur. On vient par exemple de réhabiliter le mobilier en gardant les formes, mais en ajoutant certains matériaux, comme du bois, pour amener plus de chaleur, tout en gardant les traces qui existaient avant», illustre Radhia Hamdane.

Le réaménagement de l’esplanade du pavillon Roger-Gaudry est également un geste fort que propose le PDA. Pour mettre en valeur ce pavillon emblématique, conçu par l’architecte Ernest Cormier, l’UdeM souhaite rendre souterrains la plupart des stationnements et aménager une véritable place publique ayant vue sur la ville. La professeure Cameron salue aussi la réhabilitation de la coulée verte, la conservation du boisé Édouard-Montpetit de même que la création de la piste cyclable qui viendra relier le campus de la montagne aux quartiers voisins. «Je trouve que c’est un geste patrimonial dans un certain sens», précise-t-elle.

Consultations publiques

Ce plan fait actuellement l’objet de consultations publiques menées par l’Office de consultation publique de Montréal et les membres de la communauté universitaire qui souhaitent faire connaître leur opinion peuvent le faire en répondant à un questionnaire, en posant des questions ou en transmettant leurs commentaires sur le site de l’OCPM.