Formation en ligne ouverte à tous et à toutes: écriture inclusive 101

En 5 secondes

L’écriture inclusive est enseignée dans une formation en ligne offerte gratuitement à tous et à toutes par l’UdeM.

Écrire de façon inclusive est un objectif à atteindre pour quiconque souhaite représenter équitablement toutes les personnes qui, dans leur diversité, composent la société. Mais cette nouvelle forme d’écriture suscite bien des questions. L’Université de Montréal a voulu apporter des réponses en créant Inclusivement: formation à l’écriture inclusive pour toutes et tous, une formation en ligne ouverte à tous et à toutes (CLOT), mieux connu sous l’acronyme anglais MOOC (massive open online course).

«Il y a beaucoup de confusion par rapport à l’écriture inclusive, particulièrement en France, où elle est en général associée au point médian», remarque Monique Cormier, qui était jusqu’à il y a quelques semaines vice-rectrice associée à la langue française et à la Francophonie et directrice du Bureau de valorisation de la langue française et de la Francophonie à l’UdeM.

Elle fait référence ici à un nom masculin auquel on ajoute un point médian et une terminaison au féminin. «Le point médian est un signe graphique absent de l’orthographe et de la grammaire françaises, précise-t-elle. Situé non pas sur la ligne, mais au centre, il est aussi absent du clavier français, alors les gens le remplacent par le point, ce qui cause autant de difficultés de lecture que de difficultés de prononciation. Le ministre de l’Éducation nationale français, Jean-Michel Blanquer, en a d’ailleurs proscrit l’usage dans l’enseignement et l’administration scolaire.»

Mais la polémique a laissé des traces jusqu’au Québec. «Nous non plus, nous ne voulons pas du point médian, assure Monique Cormier, qui est aussi professeure titulaire au Département de linguistique et de traduction de l'Université. Il est tout à fait possible d’écrire de façon inclusive tout en respectant les règles de grammaire, d’orthographe et de typographie.»

Revoir son choix de mots

Le grand principe de base enseigné dans la formation en ligne gratuite de 50 minutes est de concevoir dès le départ ses textes dans un style inclusif sans perdre en clarté. «Par exemple, au lieu de parler des professeurs, on peut parler du personnel enseignant ou du corps professoral, indique Mme Cormier. Il faut penser à choisir des mots épicènes, donc qui ne précisent pas un genre. C’est certain qu’adopter une écriture inclusive ne vient pas naturellement. Cela demande de faire une certaine gymnastique de l’esprit.»

Si l’on tient à utiliser le mot professeurs ou si le contexte l’exige, on préconise alors l’utilisation de doublets, donc professeures et professeurs. «Certains diront que c’est plus long, mais la langue s’adapte en suivant l’évolution de la société et, dans toute la variété des procédés disponibles, d’autres sont même plus courts», affirme Mme Cormier.

Cette formation, qui suit les recommandations de l’Office québécois de la langue française (OQLF) en matière de rédaction épicène, a comme objectif d’amener les gens à évoluer vers ce changement.

«La formation ne va pas tout régler, dit Mme Cormier, mais elle est un très bon départ pour s’habituer à utiliser l’écriture inclusive au quotidien. Elle est aussi accessible à toute la francophonie et à mes yeux, c’est d’un grand intérêt parce que certains pays n’ont pas ces ressources.»

À certains groupes qui trouvent que la formation ne va pas assez loin, Monique Cormier réplique que plusieurs organisations se tournent vers l’UdeM pour se former dans le domaine de l’écriture inclusive justement parce que son approche est modérée.

«Nous voulons que nos outils soient accessibles et tenir compte des préoccupations d’une majorité de personnes en les amenant à utiliser le français de façon cohérente, équilibrée, avec une meilleure représentation et de manière équitable», mentionne Monique Cormier, qui a d’ailleurs étonné bien des Européens dans les années 80 avec sa carte professionnelle sur laquelle il était inscrit professeure alors que la féminisation des titres était pratiquement absente de l’autre côté de l’Atlantique.

Plusieurs outils disponibles

Depuis plusieurs années, l’UdeM reçoit énormément de demandes liées à l’écriture inclusive. Pour être cohérent avec la politique en matière d’équité, de diversité et d’inclusion de l’UdeM, le Bureau de valorisation de la langue française et de la Francophonie a publié en 2019 Inclusivement: guide d’écriture pour toutes et tous. L’objectif était d’aider le personnel de l’Université et sa communauté étudiante dans l’utilisation des principes de cette forme d’écriture à l’oral et à l’écrit. Ce guide a finalement suscité une explosion de la demande de formations à l’interne et à l’externe.

«Nous n’avions pas les ressources pour y répondre et c’est ainsi que l’idée de créer un CLOT a germé, raconte Monique Cormier. Nous l’avons conçu avec le soutien financier de l’OQLF; il comprend aussi un aide-mémoire à garder à portée de main après la formation, un glossaire et un répertoire de désignations de personnes.»

La mise en ligne de ce CLOT représente une page de tournée pour Monique Cormier, qui vient de quitter ses fonctions de vice-rectrice associée à la langue française et à la Francophonie et de directrice du Bureau de valorisation de la langue française et de la Francophonie.

«Je suis professeure avant tout et, après 13 années passées à m’investir dans l’administration de l’Université, j’ai eu de nouveau l’appel de la recherche, déclare-t-elle avec de l’enthousiasme dans la voix. Parce que, faute de temps, j’ai négligé la recherche dans les dernières années.»

Cette spécialiste des dictionnaires a à cœur de se replonger dans l’ouvrage d’Abel Boyer The Royal Dictionary. In Two Parts. First, French and English. Secondly, English and French.

«J’ai déjà beaucoup travaillé sur ce volume et je souhaite faire une synthèse de mes découvertes et de mes analyses, précise Monique Cormier, qui possède plusieurs éditions de ce dictionnaire, dont la première qui remonte à 1699. Je souhaite aussi prendre le temps de me pencher sur certaines zones d’ombre dans l’histoire de cet ouvrage que je n’ai pas encore pu étudier et que j’aimerais mettre en lumière.»

Pour suivre le CLOT: Inclusivement: formation à l’écriture inclusive pour toutes et tous