La plongée scientifique au service de l’environnement

Une dizaine d’étudiantes et d’étudiants plongeurs certifiés ont pris part à une expédition de plongée scientifique à l’île de Bonaire.

Une dizaine d’étudiantes et d’étudiants plongeurs certifiés ont pris part à une expédition de plongée scientifique à l’île de Bonaire.

Crédit : Michèle Doucet

En 5 secondes

Un séjour étudiant de plongée scientifique à l’île de Bonaire a permis de mesurer l’effet de la diminution de l’activité humaine durant la pandémie sur la santé des océans.

Une dizaine d’étudiantes et d’étudiants plongeurs certifiés de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal ont pris part à une expédition de plongée scientifique à l’île de Bonaire, une commune néerlandaise située au large des côtes du Venezuela, grâce au soutien du programme de financement de la Direction des affaires internationales.

Formés et accompagnés par Michèle Doucet, professeure titulaire au Département de biomédecine vétérinaire de l’UdeM, ils ont pu s’initier au monde de la recherche appliquée en effectuant un recensement d’espèces de poissons pour déterminer si le ralentissement de l’activité humaine durant les deux années marquées par la pandémie avait eu un effet positif sur la santé et l’abondance des écosystèmes marins de l’île.

Fait intéressant: à Bonaire seulement, on comptait un million de visiteurs tous les trois mois en 2019. Ces deux dernières années, ce chiffre a diminué radicalement, passant à seulement 1500 visiteurs comptabilisés trimestriellement, pour toutefois remonter de plus belle à partir de l’hiver 2022.

Se préparer à l’expédition

Partir en expédition de plongée demande une préparation assidue: formations théoriques puis pratiques en piscine, initiation aux mesures de sécurité en plongée et rencontres d’équipe mensuelles ont précédé le départ pour Bonaire. Sur place, les jeunes membres de l’équipe participaient à des réunions matinales avant de faire des plongées d’entraînement pour s’approprier les techniques de recensement sous-marin, notamment l’utilisation d’ardoises destinées à noter la présence d’une espèce ou d’un phénomène.

C’est en fin de séjour qu’ont eu lieu les plongées de recensement, une occasion de mettre à profit les acquis des mois passés. Dans l’eau, l’identification des espèces s’effectue très rapidement. C’est la technique basée sur le nombre d’observateurs qui permet d’assurer la fiabilité de la collecte des données: plus une espèce est vue, plus il est certain qu’elle est bel et bien présente dans la zone observée.

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Sentiment de fierté et compétences aiguisées

C’est l’impression d’avoir agi concrètement en faveur de l’environnement qui habitait les étudiants et étudiantes au lendemain de l’expédition. En plus de recenser les espèces de poissons rencontrées, l’équipe a eu l’occasion de redonner à la collectivité visitée de Bonaire en consacrant un après-midi à une corvée de nettoyage des fonds marins et d’une plage très fréquentée de l’île. Au total, 25 kg de déchets ont été ramassés dans l’eau et inscrits dans la base de données PADI AWARE et 7 kg additionnels l’ont été sur des rivages pour l’organisation Mission 1000 tonnes.

«À chaque expédition que nous réalisons, je suis impressionnée par l’évolution des participants et participantes tout au long des formations préparatoires et surtout au moment des opérations sur le terrain. Quel que soit leur niveau dans le programme de doctorat en médecine vétérinaire, l’expérience de la plongée scientifique leur permet de développer des compétences qui leur seront utiles en tant que médecins vétérinaires, telles que la communication, le travail d’équipe et la collaboration interdisciplinaire, peu importe leur orientation de carrière. Ce séjour à l’étranger leur permet aussi d’accroître leur confiance en eux, leur engagement social et leur leadership positif», rappelle Michèle Doucet.

Pour Bastien Rubin, étudiant de maîtrise en sciences vétérinaires qui était au nombre des plongeurs à Bonaire, «prendre part à un projet scientifique à l’international, c’est une expérience gratifiante qu’on n’a pas toujours l’occasion de pouvoir vivre comme étudiant. Puisque j’ai une formation en biologie marine, le projet m’a intéressé et conforté dans l’idée que je souhaite travailler dans le milieu de la conservation marine».

  • Collecte de déchets par les étudiantes et étudiants de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal à l'île de Bonaire

    Crédit : Michèle Doucet
  • Collecte de déchets par les étudiantes et étudiants de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal à l'île de Bonaire

    Crédit : Michèle Doucet

L’île de Bonaire, un emplacement de choix

Avec sa forte densité et sa grande diversité d’espèces aquatiques, Bonaire représentait un lieu de choix pour mener cette expédition. D’ailleurs, l’île figure parmi les 10 endroits les plus denses et diversifiés au monde, révèle l’organisme américain de science citoyenne Reef Environmental Education Foundation (REEF), partenaire du projet.

Depuis la fin des années 1970, la REEF a constitué une impressionnante base de données grâce à la participation de plongeurs récréatifs au recensement d’espèces de poissons à Bonaire, notamment. Cette base de données servira de point de comparaison avec la collecte réalisée au cours de l’expédition étudiante. Actuellement au stade de l’analyse, les résultats feront l’objet d’un article scientifique à paraître dans la prochaine année et auquel contribueront plusieurs plongeurs et plongeuses du projet.

Une seule santé

L’un des deux poumons de la Terre, avec les forêts, les océans sont essentiels à l’équilibre de la planète et les phénomènes altérant la santé de leurs écosystèmes peuvent avoir une incidence sur la santé humaine. Cette expédition de plongée scientifique s’inscrit ainsi dans l’approche Une seule santé. Elle contribuera à informer sur la nécessité de réglementer l’activité humaine sur les rivages et en zones aquatiques dans le but de la rendre durable, pour une préservation de la santé des océans et, par rebond, de la planète.

Une passion pour la plongée scientifique

Professeure de pharmacologie clinique, Michèle Doucet a développé une véritable passion pour la plongée scientifique, qu’elle partage depuis plusieurs années avec des étudiants et étudiantes souhaitant l’appliquer à l’étude de phénomènes environnementaux. Cofondatrice du Regroupement en conservation et santé des écosystèmes aquatiques, elle a piloté en 2018 une expédition étudiante de plongée dans le nord de la mer de Cortés, sur la côte ouest du Mexique, afin d’étudier le syndrome de dépérissement des étoiles de mer. L’an prochain, elle accompagnera un nouveau groupe étudiant inscrit au stage de plongée scientifique vétérinaire dans une expédition en Grenade afin d’étudier des parasites de poissons.