Une délégation de l’UdeM à la COP 15

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Une quinzaine de membres de la communauté de l’UdeM sont présents à la COP 15. Pourquoi cette présence est-elle importante?

Une délégation de l’Université de Montréal formée d'une quinzaine de personnes est présente à la COP 15. Nous avons rencontré trois d’entre elles: Julie Talbot, professeure au Département de géographie et directrice de l’unité; Ingrid Hall, professeure au Département d’anthropologie; et Roxane Maranger, professeure au Département de sciences biologiques. Nous avons aussi parlé avec Luc Stafford, vice-recteur adjoint à la recherche et responsable du projet Construire l’avenir durablement (CLAD) du Laboratoire d’innovation, à la tête de la délégation.

Que fait la délégation de l’Université de Montréal à la COP 15?

Luc Stafford: Nous pouvons faire valoir la diversité et la complémentarité des expertises de l’UdeM quant aux enjeux de biodiversité concernant les milieux naturels, ruraux et urbains. Les membres de notre délégation pourront assister à des négociations ou encore prendre part à des rencontres parallèles sur des thèmes d’intérêt. Les grandes conférences des Nations unies sur le climat sont également des lieux de réseautage pour la communauté universitaire. 

 

Julie Talbot: La COP 15 pourrait être un moment historique pour la conservation de la biodiversité planétaire. Nous sommes à un point de bascule en ce qui a trait aux pertes des espèces végétales et animales. Les prochaines années seront critiques pour sauver plus d’un million d’espèces menacées et pour préserver les services que les écosystèmes nous rendent. Ces sujets sont au centre de mes recherches.  

Les objectifs d’Aichi fixés à la COP 10 au Japon [tenue en 2010] n’ayant pas été atteints, de nouveaux engagements à la COP 15 pourraient être notre dernière chance de sauver une grande partie des milieux naturels restants et les espèces qui en dépendent. Pour ma part, je m’intéresserai particulièrement aux échanges ou aux absences d’échanges concernant la préservation et la restauration des milieux humides. 

 

Ingrid Hall: Depuis presque une dizaine d’années, je suis les enjeux liés à la reconnaissance des droits des peuples autochtones et des communautés locales ainsi qu’à la façon dont la Convention sur la diversité biologique tente de repenser le lien entre nature et culture. Je viens observer ce qui reste des discussions préliminaires dans les textes qui vont être adoptés. Je viens aussi voir dans quelle mesure cette conférence diffère des réunions préparatoires auxquelles j’ai pu assister. 

 

Roxane Maranger: Les espèces en eau douce sont les plus menacées et ont été négligées durant des décennies. Il est essentiel de veiller à leur protection. Si l’on protège les espèces en eau douce et que l’on conserve plus stratégiquement les terres pour leur protection, cela serait également bénéfique pour la biodiversité terrestre.  

Je suis également présente à la COP 15 pour mieux comprendre pourquoi ce type d’évènement suscite une prise de conscience collective sur des sujets de grande importance qui ne dure que quelques semaines.  

 

Luc Vinet: Le secteur financier à Montréal participe activement aux discussions autour de l'intégration de la biodiversité dans la prise de décisions financières par des rencontres de la COP 15 externes et ouvertes au public et par une journée Finance et biodiversité à laquelle prendra part une délégation d’IVADO. Cet engagement s’arrime avec le projet IA et finance durable, dans lequel plusieurs chercheurs et chercheuses de l'UdeM s'engagent à explorer la valeur ajoutée de la science des données dans l’évaluation et la divulgation transparente afin d'accompagner les entreprises et les investisseurs dans la réduction de leur empreinte environnementale et la réallocation de leur capital vers des actifs durables et bénéfiques pour la planète.  

En quoi est-ce important qu’il y ait une présence universitaire à la COP 15?

Luc Stafford: Les universitaires ne prennent pas de décisions, mais ils peuvent jouer un rôle de garde-fou en présentant les données et les faits les plus récents ainsi qu’en mettant en lumière des enjeux sous-représentés. Ces évènements sont aussi des lieux de partage des connaissances et des savoirs de même que des lieux de dialogue qui sont très importants pour les parties prenantes et notamment pour les communautés autochtones.  

Pour l’UdeM, il est important d’aborder la biodiversité selon une approche systémique comme l’approche Une seule santé, puisque les enjeux sont fortement liés aux interactions entre les environnements, les animaux et les humains. L’une des premières causes de perte de la biodiversité est le changement d’utilisation des terres. Par exemple, en repensant nos méthodes de production alimentaire, d’aménagement et de protection du territoire selon l’approche Une seule santé, nous pourrions proposer des solutions innovantes pour la santé planétaire. À ce sujet, une séance spéciale d’une rencontre parallèle réunissant diverses organisations mondiales de santé, des universitaires et des décideurs politiques vise justement à partager les expériences antérieures, les meilleures pratiques dans l’optique de mieux comprendre le déclin de la biodiversité et donc de mieux y faire face.  

On souhaite aussi montrer que les nouveaux outils de mesure comme ceux qui s'appuient sur la télédétection et qui sont couplés aux nouvelles approches basées sur une intelligence artificielle robuste, raisonnante et responsable pilotées par IVADO pourraient révolutionner les analyses de la biodiversité et contribuer à orienter la conception de solutions pour atténuer les effets des changements climatiques. 

 

Julie Talbot: Comme ces conférences sont des lieux de négociation importants, ce sont aussi des occasions d’échanger des idées et de l’information. La présence d’universitaires est donc primordiale pour s’assurer que le débat reste centré sur les meilleures données scientifiques possible.  

C’est aussi l’occasion pour les universitaires d’apprendre à mieux communiquer les résultats de leurs travaux pour qu’ils puissent être utiles dans l’établissement de politiques environnementales et dans le cadre de ce genre de négociation. 

 

Ingrid Hall: On peut en tant qu’universitaire participer aux délégations ou étudier certains points précis. Dans mon cas, je m’intéresse tout particulièrement à la façon dont les peuples indigènes et les communautés autochtones peuvent négocier leurs droits. 

La délégation de l’UdeM à la COP 15

Voici les professeurs de l’UdeM qui sont inscrits:

  • Cécile Aenishaenslin, du Département de pathologie et microbiologie de la Faculté de médecine vétérinaire;
  • Ingrid Hall, du Département d’anthropologie de la Faculté des arts et des sciences;
  • Etienne Laliberté, du Département de sciences biologiques de la Faculté des arts et des sciences;
  • Patrick Leighton, du Département de pathologie et microbiologie de la Faculté de médecine vétérinaire;
  • Roxane Maranger, du Département de sciences biologiques de la Faculté des arts et des sciences;
  • Julie Talbot, du Département de géographie de la Faculté des arts et des sciences et aussi directrice de l’unité;
  • Sara Teitelbaum, du Département de sociologie de la Faculté des arts et des sciences;
  • Luc Vinet, du Département de physique de la Faculté des arts et des sciences et directeur général d’IVADO. 

 

Les autres personnes de la délégation sont:

  • Manon Boiteux, conseillère au Bureau Recherche-Développement-Valorisation et coordonnatrice du projet CLAD;
  • Jean-François Bruneau, conseiller en transfert technologique à IVADO;
  • Guillaume Chicoisne, conseiller scientifique à IVADO;
  • Pierre Dumouchel, directeur du transfert technologique à IVADO;
  • Magdalena Garcia, étudiante de doctorat au Département de géographie de la Faculté des arts et des sciences;
  • Rheia Khalaf, directrice de la recherche collaborative et des partenariats à Fin-ML et conseillère principale au Département de mathématiques et de statistique de la Faculté des arts et des sciences;
  • Nancy Laramée, directrice des partenariats à IVADO. 

 

D’autres membres encore de la communauté de l’Université participent à des activités ouvertes au grand public pour sensibiliser aux enjeux qui touchent à la biodiversité et aux solutions possibles. Le conseiller à la biodiversité de l’Unité du développement durable, Alexandre Beaudoin, prendra part à un panel le 13 décembre afin d’aborder le rôle qu’ont les universités en tant que membres de la société civile.

Pour plus d’informations: reseau-environnement.com/COP15/.