L’UdeM dit bye-bye aux contenants alimentaires à usage unique

Crédit : Benjamin Seropian

En 5 secondes

À compter du 6 février, les Services alimentaires de l’UdeM iront de l’avant avec le retrait des contenants alimentaires à usage unique.

En septembre 2022, alors qu’il vérifiait ses différents stocks de contenants pour emporter, Pascal Prouteau a eu l’idée d’un projet pilote: «Si l’on profitait de l’été pour éliminer les contenants pour emporter et les remplacer par une solution plus durable?» Quelques mois plus tard, le directeur de la division Résidences, hôtellerie et restauration de l’Université de Montréal apprenait l’entrée en vigueur d’un nouveau règlement municipal qui obligerait restaurateurs et comptoirs alimentaires à éliminer les contenants à usage unique. Prémonition de la part de M. Prouteau? «Je le vois plutôt comme de la chance, puisque le nouveau règlement de la Ville de Montréal vient appuyer nos efforts de tendre vers l’objectif zéro déchet», dit-il.

En effet, à compter du 6 février, l’équipe de M. Prouteau retirera des comptoirs alimentaires des campus de l’UdeM tout contenant à usage unique. Gobelets à café en papier, ustensiles et couvercles pour gobelets en plastique, agitateurs plastique à café et autres produits jetables ne seront plus offerts aux différents points de service. La mesure entrera en vigueur un mois avant que la Ville de Montréal exige des gestionnaires de restaurants et de comptoirs alimentaires qu’ils retirent plusieurs articles à usage unique.

En finir avec l’usage unique

Mais pourquoi cette mesure, alors qu’il existe sur le marché plusieurs contenants recyclables et compostables tels que les gobelets à café en carton vendus par Local Local?

«Parce que tous les emballages comportent leur part de problèmes, explique M. Prouteau. D’abord, il faut se fier aux consommateurs pour disposer des contenants de la bonne façon.» À l’Université de Montréal, la Direction des immeubles confirme que plusieurs gobelets recyclables se retrouvent dans les bacs à déchets et qu’à l’inverse une quantité importante de gobelets non compostables sont déposés… dans les bacs à compost.

Puis il y a l’industrie de la gestion des matières résiduelles, qui n’arrive pas toujours à suivre les avancées technologiques en matière de développement durable. «Certains de nos contenants compostables sont faits à partir de poudre de maïs, mentionne Pascal Prouteau. En théorie, c’est génial! Le hic, c’est qu’au Québec, aucune usine n’est en mesure de traiter ces contenants… Alors ils prennent le chemin des poubelles.»

La solution idéale? Éliminer tous les contenants à usage unique, aussi écologiques soient-ils. «Encore mieux que de recycler ou de composter un contenant, c’est de le réutiliser, donc d’éliminer ce concept d’une tasse ou d’une assiette qui ne servira qu’une seule fois», ajoute-t-il.

Un changement de culture pour tous

Bien qu’il soit foncièrement optimiste, Pascal Prouteau ne demeure pas moins conscient des répercussions de ce retrait. «Nous allons sans doute traverser une zone de turbulences au début, mais il faut se remémorer les sacs d’épicerie en plastique. Lorsqu’ils ont commencé à être bannis, les clients se plaignaient et il nous arrivait à tous d’oublier notre sac réutilisable pour faire les courses!» relate-t-il. Ainsi M. Prouteau a confiance qu’il en sera de même avec les contenants alimentaires à usage unique.

Pour les personnes qui choisissent de consommer sur place, aucun changement à l’horizon, puisque la vaisselle en porcelaine et les ustensiles habituels de la cafétéria Chez Valère restent. Ce sont celles qui achètent des cafés pour emporter qui devront modifier leurs façons de faire; elles devront choisir entre apporter leur propre tasse, acheter une tasse réutilisable Local Local ou utiliser le service de prêt de contenants Cano. Idem pour les repas à emporter: l’emprunt d’un contenant Cano sera possible, tout comme le sera l’achat à la pièce d’ustensiles en acier inoxydable, vendus aux caisses. «Nous vendons les ustensiles au prix coûtant, précise M. Prouteau. Nous ne faisons pas un sou avec cela!»

Parlant d’argent, ce virage n’est pas sans coûts pour les Services alimentaires de l’UdeM. Un nouveau sous-chef a récemment été embauché pour voir, notamment, à la logistique entourant le programme Cano. Puisque ce sont les Services alimentaires qui sont chargés de nettoyer les tasses et contenants réutilisables Cano, davantage de plongeurs sont requis. Et tous les employés doivent être au courant des options qui s’offrent aux consommateurs afin de bien les leur présenter. À cet effet, les 45 membres du personnel de Local Local étaient au poste dès six heures du matin le 10 janvier pour recevoir une formation au sujet du retrait des contenants à usage unique.

«Rien de tout cela n’est fait pour des questions d’argent, insiste Pascal Prouteau. Nous cherchons à fournir notre part d’efforts dans la poursuite de l’objectif zéro déchet. Et nous avons besoin de l’aide de toute la communauté pour y arriver. En tant qu’université, nous nous devons d’être exemplaires.»

Par ailleurs, Local Local collabore déjà avec certains cafés étudiants qui ont choisi eux aussi d’offrir le service Cano. «Puisque nous avons chez Local Local les installations nécessaires pour laver les ustensiles Cano, nous sommes plus qu’heureux d’appuyer les cafés étudiants et de permettre au plus grand nombre de prendre ce virage», indique-t-il.

Local Local – les points de services alimentaires de l’Université de Montréal –, ce sont cinq comptoirs alimentaires, la cafétéria Chez Valère, un service traiteur et un dépanneur situé aux résidences de l’UdeM. Ce mois-ci, Local Local inaugurera au pavillon Jean-Coutu un nouveau comptoir de repas chauds avec, notamment, un bar à pâtes.

«En tant qu’université, on a un devoir d’exemplarité.» - Pascal Prouteau

  • Crédit : Gracieuseté de Cano Company
  • Crédit : Gracieuseté de Cano Company
  • Crédit : Gracieuseté de Cano Company

Petit guide à l’usage du consommateur

Café pour emporter?

  • Solutions: apporter sa propre tasse ou emprunter une tasse Cano.

Nourriture pour emporter?

  • Solution: emprunter un contenant alimentaire Cano et acheter des ustensiles réutilisables en inox, vendus aux caisses.

Café et nourriture pour consommer sur place Chez Valère?

  • Solution: utiliser les couverts en porcelaine et les ustensiles en inox fournis par la cafétéria.

Cano: comment ça marche?

Cano fournit un service de prêt de tasses et de contenants alimentaires réutilisables. Il suffit de télécharger l’application Cano sur un téléphone intelligent. L’utilisateur peut créer son compte afin d’accumuler des points de récompense ou tout simplement emprunter tasses et contenants sans s’enregistrer ni fournir de renseignements personnels. Les articles à emprunter sont balayés à l’aide de l’application, puis l’utilisateur les remet dans les bacs Cano une fois l’usage terminé.

À l’UdeM, les tasses Cano ont fait leur apparition Chez Valère en 2018. Depuis septembre 2022, il est possible d’emprunter une tasse Cano dans tous les comptoirs des Services alimentaires.