Mettre le patient au cœur des soins

Samuel Blain, Marie-Pascale Pomey et Ahmed Maherzi
Crédit : Courtoisie

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Des membres de l’UdeM participeront à une conférence sur la nécessité de laisser davantage de place au patient, à ses proches et à ses savoirs dans le domaine de la santé et des services sociaux.

Quel rôle jouent les patients et les organismes communautaires dans la façon de penser et de prodiguer les soins? Comment leurs savoirs peuvent-ils permettre de moderniser le système de santé? À quoi sert la responsabilité sociale dans l’innovation en santé?

C’est ce que décortiquera la conférence «L’écosystème d’innovations en santé: quelle place pour le citoyen dans l’innovation en santé?» présentée le 13 mars dans le cadre de l’évènement L’innovation: une source de valeur sociétale et économique.

Organisé par le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et le Quartier de l’innovation en santé de Montréal, cet évènement collaboratif vise à mettre en relation les entreprises et les acteurs publics du secteur de la santé afin de moderniser le système de santé québécois.

Modérée par le Dr Patrick Cossette, doyen de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, la conférence réunira le Dr Ahmed Maherzi, directeur du Bureau de la responsabilité sociale de la Faculté de médecine de l’UdeM, la Dre Marie-Pascale Pomey, professeure à l’École de santé publique de l’UdeM, et le Dr Samuel Blain, professeur adjoint de clinique au Département de médecine de famille et de médecine d’urgence de l’Université.

Ensemble, ils expliqueront comment le citoyen engagé joue un rôle important dans l’amélioration des soins et des services sociaux.

Une vision plus globale

Pour la Dre Pomey, la participation active des patients et de leur entourage aux soins, aussi appelée partenariat patient, est essentielle pour trouver des solutions innovantes à des problèmes fréquents. Concrètement, il s’agit de mobiliser les savoirs expérientiels des patients en vue d’améliorer l’organisation des soins et la façon dont ils sont apportés, mais aussi la formation de la relève et la manière de conduire la recherche.

«Le système de santé s’est privé jusqu’à peu de son principal intéressé, qui connaît presque mieux le système que le personnel soignant, puisqu’il a une vision longitudinale de l’utilisation des services et de la vie avec la maladie, avance la Dre Pomey. Souvent, les usagers arrivent avec des solutions plus simples, moins coûteuses et plus en accord avec leurs besoins réels.»

La Dre Pomey a d’ailleurs fréquemment été témoin de la valeur ajoutée de l’intervention des patients. Par exemple, son équipe et elle sont en train de mettre en place un programme où sont utilisés des objets connectés pour améliorer les habitudes de vie chez les patients en attente d’une greffe hépatique ou ayant tout récemment subi une greffe hépatique ou rénale. Ce programme découle des témoignages des patients affirmant qu’il était difficile pour eux de se déplacer au CHUM pour aller y faire des exercices. Un autre exemple porte sur un comité d’amélioration de soins dans le cas du cancer de la thyroïde. Les équipes soignantes souhaitaient travailler sur l’observance thérapeutique auprès des patients, mais ces derniers ont plutôt souligné que c’était la manière dont le diagnostic était annoncé qui devait être revue.

La Dre Pomey considère ainsi que les patients sont à même d’améliorer la qualité et la sécurité des soins et des services offerts, à condition que soit établi un partenariat entre les professionnels de la santé, les gestionnaires et les patients. «Il est important d’enseigner au personnel soignant à reconnaître les savoirs expérientiels des patients et à les valoriser. Cela peut l’aider à mieux répondre à leurs besoins. Les patients sont les experts de leur propre état de santé», dit-elle.

Un système de santé plus inclusif

Le Dr Ahmed Maherzi en est également convaincu: le système de santé québécois doit être revu pour faire face aux importants défis actuels (crise climatique, vieillissement de la population, maladies chroniques et infectieuses, pauvreté, etc.). Et pour lui, l'une des clés de cette évolution réside dans l’innovation technologique certes, mais surtout dans l’innovation sociale.

«Nous investissons énormément dans les avancées technologiques, avec la robotique, l’intelligence artificielle et les applications mobiles, indique-t-il. Mais ces technologies ne doivent pas être des menaces au droit fondamental d’accès à des soins de qualité. Pour moi, l’innovation en santé se doit d’abord d’être responsable, de contribuer à réduire les inégalités sociales et de répondre aux besoins des populations vulnérables.»

Dans cette optique, le Dr Maherzi encourage tant le personnel soignant que les usagers à être socialement responsables, les premiers en répondant aux besoins criants des communautés et les seconds en étant engagés et militants.

C’est justement l’une des missions que s’est donnée la Faculté de médecine de l’UdeM: miser sur des formations en santé axées sur la bienveillance, l’éthique et les relations humaines, où sont intégrés les patients et les organismes communautaires, qui possèdent les véritables connaissances du terrain.

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