Alimentation, obésité et cerveau

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La professeure Stéphanie Fulton présentera ses travaux à une grande conférence publique le 27 mai.

La professeure du Département de nutrition de l’Université de Montréal Stéphanie Fulton participera à la grande conférence publique présentée à l’occasion du 16e congrès de l’Association canadienne des neurosciences, qui aura lieu du 28 au 31 mai à Montréal. «C’est le plus grand congrès sur les neurosciences au Canada», précise celle qui est coprésidente du comité du programme scientifique de ce congrès, dont le nombre de participants et de présentations sera le plus élevé depuis la tenue de cet évènement.

Comme chaque année, une conférence grand public est proposée avant l’ouverture du congrès, tenu tour à tour à Montréal, Vancouver et Toronto. «Cette année, le comité a choisi, parmi plusieurs sujets émergents, l’influence de la nutrition sur le cerveau», dit Stéphanie Fulton. Trois conférenciers s’exprimeront sur les thèmes de l’alimentation, de l’obésité et du cerveau.

Alimentation, anxiété et dépression

Stephanie Fulton

Stéphanie Fulton, professeure du Département de nutrition de l’Université de Montréal

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La professeure Fulton présentera quelques données fondamentales de ses recherches. «Notre laboratoire fait de la recherche fondamentale pour mettre au jour les circuits et les voies neuronales qui contribuent à l’apparition des comportements de types dépressif et anxieux», décrit-elle. Sa présentation, qui s’intitule «Menaces alimentaires et métaboliques sur la prévalence de la dépression et de l’anxiété», se fera en anglais (le public pourra poser des questions en français ou en anglais à la fin de la conférence).

La chercheuse du Centre de recherche du CHUM s’intéresse au contrôle neuronal de la prise d’aliments et à l’effet de récompense que stimulent les aliments riches en sucre et en gras, de même qu’à leur rôle dans l’obésité. «Je cherche à comprendre comment les nutriments eux-mêmes, en particulier les lipides, peuvent agir sur le système nerveux central pour entraîner des changements néfastes, associés à l’apparition de troubles de l’humeur», résume-t-elle.

Stéphanie Fulton se penche ainsi sur les circuits et les voies neuronales qui contribuent à façonner des comportements dépressifs et anxieux. «Mon équipe et moi cherchons à voir comment un excès de consommation de certains gras, les gras saturés surtout, amène des changements dans le cerveau», indique-t-elle. Car l’effet inflammatoire de ces gras se fait sentir jusque dans le cerveau.

L’activité physique, un facteur protecteur?

Même si l’activité physique aide à limiter certains facteurs de risque, il reste que l’incidence de la dépression et des troubles anxieux est augmentée par l’obésité. «Dans le cas de la dépression, on ne voit que peu ou pas d’élévation du taux de dépression chez les gens qui ont une obésité saine [c’est-à-dire sans conséquence sur les dysfonctionnements métaboliques que sont l’inflammation, l’hyperglycémie, une résistance à l’insuline et l’hypertension]», nuance Stéphanie Fulton. Mais l’obésité abdominale est souvent néfaste et pro-inflammatoire. «Cette inflammation et les changements qu’elle provoque peuvent toucher le cerveau», avance-t-elle. Inversement, les maladies mentales peuvent à leur tour aggraver l’obésité en favorisant la suralimentation et l’inactivité physique. La professeure présentera donc dans cette conférence grand public le contexte du sujet, les données épidémiologiques et les collaborations cliniques en neuro-imagerie de son équipe pour expliquer l’association entre l’obésité et le risque de dépression et d’anxiété.

Environnement et cerveau

Deux autres chercheurs québécois prendront la parole à cette conférence. Patricia Pelufo-Silveira, médecin, professeure au Département de psychiatrie de l’Université McGill et chercheuse au Centre de recherche Douglas, s’intéresse aux répercussions de l’environnement du fœtus et de l’enfant sur les comportements alimentaires tout au long de la vie, mais particulièrement à l’adolescence, qui est une période plus critique. Le Dr Alain Dagher, neurologue à l’Institut-hôpital neurologique de Montréal (Université McGill), étudie quant à lui les effets de l’obésité sur la structure du cerveau et son fonctionnement. À long terme, cet endommagement du cerveau peut augmenter les probabilités de souffrir d'affections neurologiques comme la démence ou la maladie d’Alzheimer.

La conférence aura lieu le 27 mai de 14 h à 16 h à l’auditorium de la Grande Bibliothèque (environ 250 places).

Réservez votre billet gratuit ici.

Vous souhaitez en savoir plus sur la part des facteurs cliniques et biologiques de la dépression et de l'anxiété dans l'obésité? Consultez cet article de fond en libre accès de Stéphanie Fulton et ses collègues.

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