Alexandra Zidenberg: plonger dans les profondeurs de la psyché humaine

Alexandra Zidenberg

Alexandra Zidenberg

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

En 5 secondes

Torontoise d’origine, la nouvelle professeure de l’École de criminologie de l’UdeM Alexandra Zidenberg est spécialisée dans la psychologie des troubles liés aux paraphilies, dont la zoophilie.

Depuis le 1er juin, l’École de criminologie de l’Université de Montréal compte dans ses rangs la professeure Alexandra Zidenberg. Ayant reçu une éducation en immersion française avant de poursuivre ses études universitaires en anglais, la Torontoise d’origine apporte une expertise unique dans le domaine de la psychologie des paraphilies.

Une passion née d’une curiosité

Le parcours qui a mené Alexandra Zidenberg à la criminologie a été soudain. Initialement inscrite en biologie, elle a eu une révélation à la veille de commencer ses études universitaires. «Un jour de juillet, j’ai réalisé que la biologie n’était pas pour moi», se souvient-elle.

C’est ainsi qu’elle s’est tournée, par pure curiosité, vers un tout nouveau programme de psychologie légale offert à l’Institut universitaire de technologie de l’Ontario (Ontario Tech University) à Oshawa, devenant membre de la première cohorte.

Ce changement de cap s’est avéré déterminant, car elle y a trouvé sa passion. «Les cours sur la violence sexuelle ont avivé ma curiosité et soulevé de nombreuses questions, et c’est ce qui m’a poussée à poursuivre ces études», indique-t-elle.

Elle a ainsi enchaîné avec une maîtrise en psychologie expérimentale à l’Université Laurentienne de Sudbury, puis avec un doctorat en psychologie sociale appliquée à l’Université de la Saskatchewan, qu’elle a terminé en 2021.

Sexualité humaine et psychologie légale

Le parcours d’Alexandra Zidenberg est marqué par une exploration des liens entre la sexualité humaine et la psychologie légale. Sa thèse de doctorat, axée sur les paraphilies et plus précisément la zoophilie, a mené à la publication de deux études: l’une sur les connaissances des vétérinaires concernant l’abus sexuel sur des animaux, l’autre sur les attitudes et comportements des personnes s’identifiant comme zoophiles.

Parmi les vétérinaires sondés, 98 ont répondu, ce qui a révélé un manque général de connaissances sur le sujet, une absence de formation spécifique et une priorité donnée à la protection des clients et des patients.

Quant à la seconde étude, menée auprès de 1400 personnes dont la moitié était des adeptes de la zoophilie, elle a permis de créer une mesure de l’intérêt sexuel envers les animaux et de cerner quatre sous-catégories distinctes: les amoureux des animaux qui veulent un contact sexuel; les opportunistes, soit ceux qui ne sont pas nécessairement attirés par les animaux, mais qui pourraient l'être si l’occasion se présentait; les adeptes du zoosadisme ou de la zoonécrophilie, qui implique des animaux blessés ou morts; et, enfin, ceux qui portent des costumes d’animaux pendant les relations sexuelles.

La démarche d’Alexandra Zidenberg pour recruter des participants et des participantes à cette étude mérite qu’on s’y intéresse: elle a collaboré étroitement avec des modérateurs de communautés en ligne d’adeptes de zoophilie et a intégré leurs suggestions à son questionnaire pour l’améliorer et faciliter ainsi le recrutement. Cette approche témoigne de sa capacité à naviguer dans des domaines de recherche complexes et délicats.

Par ailleurs, la nouvelle professeure de criminologie a réalisé des recherches sur les incels ou célibataires involontaires en explorant les liens entre leur situation, leur santé mentale et les comportements violents potentiels. Ses travaux ont mis en lumière les troubles de santé mentale fréquents chez ces individus ainsi que leur grand isolement social.

«La criminologie est un champ d’études crucial, car dans toute société existent différents types de crimes et, pour éviter qu'ils soient perpétrés, il faut comprendre les comportements des délinquants et les motivations derrière ces actes commis malgré la connaissance des conséquences potentielles», explique celle qui s’intéresse particulièrement au domaine des agressions sexuelles.

Une expérience variée en enseignement

Sur le plan professionnel, Alexandra Zidenberg a enseigné en anglais et en français dans divers établissements depuis 2019, notamment à l’Université de la Saskatchewan, au King’s University College de London, en Ontario, et au Collège militaire royal du Canada à Kingston.

Le choix de Montréal pour poursuivre sa carrière n’est pas un hasard, car elle y a vécu alors qu’elle effectuait un stage postdoctoral à l’Université McGill (2021-2022).

Sur le point de donner ses premiers cours, Alexandra Zidenberg apporte une perspective unique à l’étude du phénomène criminel. Son approche, qui allie rigueur scientifique et sensibilité aux sujets délicats, promet d’enrichir considérablement le domaine de la psychologie légale et de la criminologie.