Immersion à Oujé-Bougoumou: repenser l’accueil des étudiants autochtones

Au-delà de l’expérience individuelle, ce séjour a mis en lumière l’importance des rencontres interculturelles pour accompagner le processus de décolonisation des établissements.

Au-delà de l’expérience individuelle, ce séjour a mis en lumière l’importance des rencontres interculturelles pour accompagner le processus de décolonisation des établissements.

Crédit : Courtoisie

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Une immersion dans la communauté crie (eeyou) d’Oujé-Bougoumou a permis à des intervenants d’explorer les réalités étudiantes autochtones.

Un groupe de 19 personnes de six établissements collégiaux et universitaires de Montréal a pris part à une immersion dans la communauté crie (eeyou) d’Oujé-Bougoumou dans le cadre du projet Repenser la persévérance avec les personnes étudiantes des Premiers Peuples: une proposition interordre pour apprendre à accueillir. Porté par Cap campus, de l’Université de Montréal, et le Collège Ahuntsic, ce projet vise à améliorer l’accueil des étudiants et des étudiantes autochtones dans les établissements d’enseignement supérieur et à accroître leur persévérance scolaire en favorisant un environnement inclusif dans les collèges et universités.

Une expérience immersive pour un accueil plus adapté

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Si les universités et collèges québécois accueillent un nombre croissant d’étudiantes et étudiants issus des Premiers Peuples, plusieurs défis demeurent: méconnaissance des réalités autochtones, adaptation des structures institutionnelles, manque de formation du personnel et de dialogues collectifs. Loin d’être anodine, cette immersion a permis aux représentants des établissements participants de mieux saisir ces enjeux et d’échanger sur les résistances institutionnelles tout en confrontant leurs propres perceptions.

«Il est essentiel d’offrir un accompagnement aux étudiants et étudiantes des Premières Nations à leur arrivée dans un établissement postsecondaire, situé à l’extérieur de leur communauté d’origine. Ces personnes ont probablement visité la ville où elles iront, mais elles ne connaissent pas encore tout le fonctionnement de l’établissement. Leur culture étant différente, elles doivent pouvoir trouver leur place dans un environnement nouveau», souligne Yvette Mollen, professeure au Département de linguistique et de traduction de l’UdeM et membre du comité organisateur de l’immersion.

Apprendre par le dépaysement

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L’immersion visait également à faire vivre aux intervenants et au personnel enseignant un dépaysement analogue à celui d’un étudiant autochtone quand il arrive en ville pour poursuivre ses études. Elle leur a permis de mieux saisir les besoins des étudiants et étudiantes autochtones et favorisé le partage d'expériences quant aux résistances institutionnelles tout en les encourageant à apprivoiser leur inconfort dans ce processus d'engagement.

Au-delà de l’expérience individuelle, ce séjour a mis en lumière l’importance des rencontres interculturelles pour accompagner le processus de décolonisation des établissements. «Même s’il y a une bonne volonté, il subsiste des biais inconscients enracinés dans l’esprit des gens. Ces échanges sont indispensables et nécessaires pour transformer les mentalités et, pourquoi pas, tendre vers une réelle autochtonisation des milieux d’enseignement. L’ouverture d’esprit est maintenant réalisée, mais il y a encore beaucoup à faire», conclut Yvette Mollen.

Une collaboration précieuse

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Cette immersion n’aurait pas été possible sans l’engagement des membres de la communauté d’Oujé-Bougoumou, que l’équipe organisatrice – Éliane Santschi, Julie Gauthier, Yvette Mollen, Gilbert Niquay et Martin Bacon – tient à remercier chaleureusement: Caroline Longchap pour la visite de la communauté et le partage offert; Bentley Mianscum et Manon Richmond pour les enseignements, les témoignages et l’accueil sur le territoire; Kellie Guercy Joseph pour le partage expérientiel et les échanges; l’Auberge Capissisit pour l’hébergement et la nourriture; Paula Menarick pour l’artisanat; et toutes les personnes rencontrées pendant le séjour.

L’activité a bénéficié du soutien financier du Pôle interordres de Montréal ainsi que de l’appui du Cap campus et du Collège Ahuntsic. Les organisateurs espèrent avoir ouvert la voie à d’autres initiatives favorisant l’inclusion et la réussite des étudiants et étudiantes autochtones.