Véronique Lowry: outiller cliniciens et patients pour optimiser la prise en charge des douleurs musculosquelettiques
- UdeMNouvelles
Le 7 avril 2025
- Martin LaSalle
Le 1er janvier, Véronique Lowry est devenue professeure adjointe à l’École de réadaptation de l’Université de Montréal.
À neuf ans, Véronique Lowry observait avec fascination le professionnel de la santé qui venait aider son grand-père atteint de sclérose en plaques à maintenir sa mobilité. Cette image, gravée dans sa mémoire, a semé les premières graines de sa vocation. «Tous mes tests d'orientation pointaient vers la santé», se souvient celle qui est devenue professeure adjointe à l'École de réadaptation de l'Université de Montréal en janvier.
Elle a par la suite été attirée par la physiothérapie à la fin du secondaire, après une journée passée avec une physiothérapeute à l’Hôpital Notre-Dame pour un travail scolaire. «J’ai été marquée par le fait que les physiothérapeutes passaient plus de temps avec leurs patients et qu’ils entretenaient avec eux une relation prolongée, et je me suis dit que c’est ce que j’aimerais faire plus tard», relate-t-elle.
De la clinique à la recherche
Son parcours universitaire a commencé et s’est déroulé presque entièrement à l'Université de Montréal: un baccalauréat en sciences de la santé obtenu en 2012, suivi d'une maîtrise professionnelle en physiothérapie en 2013. Véronique Lowry se dirige ensuite vers le secteur privé, dans le domaine qui l'intéresse le plus: les troubles musculosquelettiques.
Mais au fil des années, elle ressent une certaine frustration. «En clinique, j'avais l'impression de ne pas aider tant que ça, confie-t-elle. Malgré les formations continues que je suivais, j’avais le sentiment que quelque chose manquait; je consultais des articles scientifiques pour aller plus loin que les limites atteintes par mes patients… Je voulais améliorer ma pratique.»
Fin 2014, elle contacte ses anciens professeurs pour savoir s'ils ont besoin d’une professionnelle de recherche. Le professeur François Desmeules, qui deviendra son directeur de thèse, lui offre un poste à 28 heures par semaine. En janvier 2015, elle commence à jongler avec la clinique et la recherche.
«J'ai adoré faire de la recherche, dit-elle. Ce nouveau rôle faisait écho à mon amour des mathématiques et de la rédaction tout en me permettant de continuer à voir des patients dans le cadre des projets.»
L'épaule, une passion complexe
Parallèlement à son rôle de professionnelle de recherche, Véronique Lowry travaille au sein du groupe de médecine familiale (GMF) Maisonneuve-Rosemont, où elle constate que de nombreux patients n'ont pas accès à la physiothérapie. Dans des projets de recherche en orthopédie, elle constate aussi que plusieurs personnes doivent attendre deux ans avant de voir un orthopédiste alors qu'elles n’ont pas besoin d’une chirurgie et qu’elles auraient pu faire de la physiothérapie d’emblée.
En clinique, les problèmes relatifs à l'épaule sont ses préférés en raison de leur complexité. De fait, dans les GMF, un tiers des consultations concernent l'épaule, un tiers les genoux et un tiers le dos. «Quand les patients arrivent avec des douleurs à l'épaule, ils sont souvent déjà hypothéqués parce qu'ils ont attendu trop longtemps et qu'ils ne peuvent plus dormir», poursuit-elle.
C'est dans ce contexte qu'elle entreprend, en 2017, un doctorat en sciences de la réadaptation sous la direction de François Desmeules. Son sujet: l'amélioration de la prise en charge des douleurs à l'épaule dans les services de santé de première ligne.
Étant à même de constater les besoins sur le terrain, Véronique Lowry a ainsi voulu créer des outils pour faciliter la prise en charge des patients par les médecins, les infirmières spécialisées et les physiothérapeutes.
De l'enseignement à la recherche
L'enseignement s'est imposé graduellement dans son parcours. D'abord comme correctrice d'examens, puis comme auxiliaire dans quelques cours pratiques à l’Université de Montréal.
«Tout mon parcours s'est fait à l'UdeM, sauf mon postdoctorat à l’Université de Sherbrooke, donc je connais très bien le programme», souligne-t-elle, ajoutant que certains de ses professeurs sont maintenant devenus ses collègues.
Ce qui la motive dans l'enseignement? «J'aime superviser de petites équipes étudiantes, établir un lien avec elles et essayer de ne pas être trop théorique», explique-t-elle. De plus, elle est heureuse de pouvoir partager sa passion et d'élargir la vision de ses étudiants et étudiantes au-delà du patient individuel. «Un des cours que je donne porte sur l'organisation du système de santé et je trouve important de faire connaître le contexte plus global dans lequel la profession s’exerce», dit-elle.
Véronique Lowry a d’ailleurs une vision de la physiothérapie qui va bien au-delà des seules manipulations. Selon elle, le développement de la capacité d’autogestion du patient est central dans l’amélioration de son état.
«L'outil le plus important dans la prise en charge des patients est l'éducation et le suivi, par le biais d’exercices les plus adaptés selon la condition et les restrictions des gens, mais aussi selon des facteurs comme leur horaire et leur environnement de vie», insiste-t-elle.
Courir vers l'avenir
Son postdoctorat à l'Université de Sherbrooke sous la supervision de la professeure Marie-Eve Poitras a orienté sa recherche vers le rôle de l’activité physique dans la prévention et la gestion des maladies chroniques en soins primaires. Il s’agit d’un domaine qui lui tient à cœur depuis qu'elle a commencé à courir après avoir suivi un cours de formation continue sur la course à pied en 2014.
Cette passion l'a même menée à devenir entraîneuse dans un club de course, où elle a rencontré son conjoint!
Parmi ses objets de recherche actuels figurent une implantation optimale des services de physiothérapie dans les GMF, la promotion de l’activité physique chez les adultes qui souffrent de douleurs chroniques et l’élaboration et l’implantation de stratégies pour accompagner les cliniciens dans la prise en charge des problèmes musculosquelettiques.
«J'ai cette chance de travailler sur des choses concrètes, conclut-elle. Mes champs d’intérêt sont cohérents avec ce que j'aime et ce que je fais.»