Urgent besoin de revoir les systèmes alimentaires
- UdeMNouvelles
Le 26 mars 2025
- Paule Des Rivières
L'alimentation moderne est liée à des problèmes de santé et environnementaux. Une conférence examinera des solutions pour les atténuer, dont la valorisation des savoirs traditionnels.
«Quelque chose de fondamental a changé: les aliments que nous consommons sont aujourd’hui davantage associés à une mauvaise santé humaine et environnementale. Il faut donc aborder toutes les facettes des défis liés à la nutrition», souligne Malek Batal, maître d’œuvre de la conférence qui réunira plusieurs spécialistes d’ici et d’ailleurs les 30 et 31 mars. Professeur au Département de nutrition de l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les inégalités en nutrition et santé, Malek Batal est également chercheur au Centre de recherche en santé publique (CReSP).
«Chez nous, les deux tiers des décès sont liés à des maladies chroniques. Or, ces maladies sont presque toujours en lien avec l’alimentation, qui joue un rôle central dans la santé des humains», rappelle le professeur. On pense notamment au diabète de type 2.
Un exemple alarmant: chez les enfants canadiens, le taux d’obésité a triplé depuis les années 1970. Cependant, chercher des solutions sans tenir compte des réelles difficultés d’accès à une alimentation saine, c’est donner un coup d’épée dans l’eau. Ainsi, que faire lorsque les aliments ultratransformés, sucrés et salés sont accessibles juste au coin de la rue, voire à chaque coin de rue? Et que ces calories vides sont si abordables?
Essentielle interdisciplinarité
L’ère du travail en silo est révolue. Il n’y aura pas d’avancée significative sans une mise en commun des savoirs. Et cette conférence sur l’alimentation est exemplaire à cet égard. Ainsi, en plus des spécialistes du Département de nutrition de l’Université de Montréal, à l’avant-plan, d’autres de l’École de santé publique de l’UdeM (ESPUM), des départements de physique, de géographie, de sciences biologiques et de l’École d’architecture exposeront leurs découvertes. Une brochette d’experts d’autres universités nord-américaines (McGill, Toronto, Vermont, Wisconsin-Madison) ainsi que d’établissements du Guatemala et de l’Équateur feront part de leurs observations sur les inégalités alimentaires contemporaines. Des représentants de la société civile et d’organismes non gouvernementaux (ONG) seront aussi de la partie.
«L’idée que la santé alimentaire est interdisciplinaire est de mieux en mieux comprise, mentionne Malek Batal, qui reste toutefois réaliste. En fait, je suis pessimiste et cela me pousse à agir. Nous ne pouvons pas baisser les bras. Si l’on ne fait rien, la situation deviendra pire encore. Il est urgent d’élaborer des modèles de production alimentaire moins dommageables.»
Revenir aux sources
Les participantes et participants à la conférence entendront d’ailleurs des témoignages inspirants, notamment liés au retour aux savoirs traditionnels. Ces savoirs, absolument pertinents, permettent à des populations vulnérables de renouer avec leur culture.
Malek Batal, qui a une longue expérience de terrain, a travaillé entre autres avec l’Alliance de la nation Okanagan de Colombie-Britannique, qui a réussi à faire revenir le saumon rouge dans la rivière de l’Okanagan, disparu avec la construction de barrages avoisinants. Bref, corriger le tir est possible et indispensable.
Rosanne Blanchet, rattachée à l’ESPUM et qui prendra part à la conférence, a également travaillé avec les Premiers Peuples de l’Okanagan. Elle racontera par ailleurs son expérience de recherche sur la sécurité alimentaire des travailleurs migrants qui sont à la base de notre système alimentaire lors du Café scientifique inaugurant la conférence.
Une conférence interdisciplinaire
La conférence s’adresse aux communautés étudiante et de la recherche, ainsi qu’aux professionnels et professionnelles de la santé et aux ONG. Outre le Département de nutrition, le CReSP et l’Initiative Une seule santé de l’Université sont partenaires de l’évènement.